Colombie : l’État-major, des criminels intouchables01/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2448.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Colombie : l’État-major, des criminels intouchables

En septembre 2008, on avait retrouvé dans la banlieue de Bogota, la capitale de la Colombie, les cadavres d’une vingtaine de jeunes gens. Le président de l’époque, Alvaro Uribe, avait alors fait des déclarations contradictoires, les décrivant tour à tour comme des trafiquants de drogue, des paramilitaires ou des guérilleros.

L’enquête prouva rapidement qu’ils n’étaient rien de tout cela mais de simples jeunes gens abattus par des militaires qui cherchaient à « faire du chiffre » pour obtenir primes et promotions.

C’est l’ONG Human Rights Watch qui rappelle ces faits en soulignant qu’entre 2002 et 2008, au moins trois mille personnes furent ainsi massacrées par des militaires. On parla alors de « faux positifs ». Depuis, la machine judiciaire s’est mise en marche, mais assez mollement. 815 militaires ont été condamnés, tous de rang inférieur. En revanche, les officiers supérieurs, des colonels mais aussi des généraux qui avaient donné leur aval à ces opérations, ne sont pas poursuivis. « Plusieurs généraux savaient, ont autorisé ou couvert ces délits », a déclaré un lieutenant-colonel qui a avoué 27 de ces crimes. Selon lui, le principal instigateur, pour ne pas dire le promoteur de ce système, était le général Mario Montoya.

Depuis, celui-ci a démissionné mais aucune poursuite n’a été engagée contre lui. Le rapport de l’ONG ajoute que la plupart des militaires responsables de ces crimes ont monté en grade. Et cette impunité ne risque pas d’être remise en cause par le successeur d’Uribe, le président Juan Manuel Santos. Celui-ci vient en effet de déclarer qu’il défendra « la légitimité de l’armée jusqu’à la tombe ». Il est vrai qu’entre 2006 et 2009, il était lui-même le ministre de la Défense, et donc de l’armée.

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