Burger King : un insatiable appétit d’aide24/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2447.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Burger King : un insatiable appétit d’aide

Quand Burger King, le roi du sandwich rond, s’est implanté en grand en France, il y a quelques mois, il promettait plus de 3 500 embauches par an. Mais il a surtout négocié son expansion pour son plus grand profit.

Pour l’ouverture de ses restaurants, Burger King a besoin de personnel, formé et qualifié. Celui-ci existe, ne serait-ce que les anciens de Mac Donald’s, Quick, ou encore les anciens stagiaires des innombrables formations d’employé polyvalent de restauration et d’équipier polyvalent de restauration rapide financées par les régions et par Pôle emploi au travers d’« actions de formation conventionnées ».

Pôle emploi a créé un plan d’actions sur mesure avec une procédure de recrutement spéciale Burger King, 100 % gratuite.

Des agences pilotes sont désignées sur les territoires accueillant les nouveaux restaurants. Elles vont mettre en place des MRS, méthodes de recrutement par simulation. Cela commence par des réunions d’information collectives auxquelles sont invités des centaines de demandeurs d’emploi. On leur présente l’employeur et on passe aux épreuves pratiques qui sont des exercices simulant les conditions de travail. Les candidats retenus sont proposés à l’employeur avant de participer à une POE, c’est-à-dire une préparation opérationnelle à l’embauche collective.

La POE est un dispositif à l’intention de tout employeur recrutant un ou des candidats pour un CDD d’au moins douze mois ou un CDI. Largement utilisée lors des recrutements de la grande distribution et de la restauration rapide, elle permet à Pôle emploi de financer tout ou partie d’une formation à la place de l’employeur.

Dans le cas de Burger King, la POE dure cinq semaines : trois semaines en organisme de formation (Opus formation) et deux semaines en tutorat interne dans un « restaurant école » quelquefois éloigné de 200 km du domicile des candidats. Le coût de la formation pour Burger King est : pas un centime !

Côté Pôle emploi, cela coûte 1 190 euros pour chaque candidat. 350 euros sont reversés directement à Burger King au titre du « tutorat interne ». Les 840 euros restants sont payés à Opus formation, une entreprise privée. Enfin, 600 euros supplémentaires sont financés par la formation professionnelle continue.

Pendant ces cinq semaines le candidat est rémunéré par Pôle emploi : soit l’allocation chômage est maintenue, soit le candidat est admis à toucher une rémunération de formation Pôle emploi, variant de 310,39 euros à 652,02 euros par mois.

À l’issue de cette formation, les candidats signent enfin le contrat tant attendu. C’est un CDI, soit, mais de 24 h par semaine, avec un salaire mensuel brut d’environ 1 000 euros. Mais encore faut-il accomplir deux mois d’essai et risquer de voir durant cette période son contrat rompu sur des motifs farfelus.

De telles ruptures sont fréquentes. Car si Burger King embauche des centaines de collaborateurs, cela peut n’être que pour la période de lancement, pour l’ouverture afin que tout marche au mieux pendant les premières semaines. Une fois le feu de l’ouverture passé, le sous-effectif règne en maître et le roi Burger renvoie ses sujets à la maison.

Entre-temps ces « sujets » auront bien évidemment été radiés par Pôle emploi pour « Retour durable à l’emploi », alors que certains auraient peut-être pu bénéficier d’un cumul salaire allocation chômage.

Mais ce qui compte, outre rendre service aux patrons, n’est-il pas de faire baisser les statistiques ?

Partager