Secret des affaires : à abolir17/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2446.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Secret des affaires : à abolir

Une pétition lancée par la journaliste de France 2 Élise Lucet contre un projet de directive européenne sur le secret des affaires a recueilli 270 000 signatures en dix jours. Cette directive, examinée le 16 juin par une commission du Parlement européen, prévoit de lourdes sanctions en cas de divulgation d’informations que l’entreprise concernée juge vitales ou sensibles pour elle, et donc couvertes par le secret des affaires.

« Si une source ou un journaliste violent ce secret des affaires, des sommes colossales pourraient lui être réclamées, pouvant atteindre des millions voire des milliards d’euros… On pourrait même assister à des peines de prison dans certains pays », explique la pétition.

Selon la presse, cette directive a été préparée sous la pression d’une quinzaine de grands groupes comme Air Liquide et Dassault, et de fédérations professionnelles.

Sous prétexte de protection contre la curiosité de leurs concurrents, le but des industriels est de faire taire non seulement les journalistes, mais tous ceux, militants syndicaux, simples salariés, simples témoins qui tenteraient de rendre publics des projets de fermeture ou de licenciements, les conséquences nuisibles de certaines productions pour l’environnement ou pour la santé.

En janvier dernier, le gouvernement avait tenté de faire adopter un amendement à la loi Macron sur le sujet qui prévoyait de punir d’un maximum de trois ans de prison et de 375 000 euros d’amende ceux qui contreviendraient au « secret des affaires ». Devant les protestations des journalistes, il avait dû reculer. Aujourd’hui, la commission européenne prend le relais. Si la directive européenne était adoptée, elle s’appliquerait automatiquement dans les États membres.

Si des épisodes récents comme la révélation des dégâts du Médiator, des prothèses PIP, de l’amiante, prouvent quelque chose, c’est bien que le secret des affaires, loin d’être protégé, doit au contraire être aboli.

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