Grèce : affamer la population pour payer les banques ?17/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2446.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : affamer la population pour payer les banques ?

Après l’échec de la réunion de dimanche 14 juin entre les représentants du gouvernement grec et ceux de la BCE, du FMI et de la Commission européenne, l’hypothèse d’un défaut de paiement de la Grèce est de plus en plus ouvertement évoquée. Au 30 juin, elle doit en effet rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI et, pour cela, il lui faut impérativement obtenir le versement de tout ou partie des 7,2 milliards d’euros prévus dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays.

Négocié en 2012, ce plan prévoyait le prêt à la Grèce de plus de 100 milliards d’euros en plusieurs tranches. Chaque versement était conditionné à la mise en œuvre de mesures d’austérité sous le contrôle vigilant d’experts mandatés par la Troïka, le groupe des créanciers de la Grèce. C’est le refus de ces plans d’austérité successifs prenant la forme de diktats de l’Union européenne qui a amené les classes populaires à voter massivement pour Syriza.

Arrivé au pouvoir après avoir remporté les élections de janvier 2015, Tsipras a déclaré refuser le cadre fixé par ce plan et tenté d’obtenir des dirigeants européens un nouvel accord. Ceux-ci lui ayant opposé un refus ferme, Tsipras s’est alors limité à demander un délai supplémentaire, le plan d’aide européen devant arriver à échéance en février. Les créanciers de la Grèce lui ont alors donné quatre mois supplémentaires, consacrés à enchaîner des séances de négociations.

Mais, tout au long de ces discussions, les exigences des représentants de l’Europe et du FMI n’ont pas varié sur le fond. Ils attendent du gouvernement grec qu’il s’engage à diminuer son déficit, à augmenter la TVA, en particulier sur l’électricité, que le nombre de préretraites diminue, ainsi que le montant des retraites. Ils exigent en fait qu’à l’instar des précédents gouvernements, celui de Tsipras s’attaque à la population, à ses conditions de vie, tournant complètement le dos à ses engagements.

Le gouvernement Tsipras s’est déclaré prêt à des concessions sur de nombreux points mais il a pour le moment refusé de prendre des mesures qui affecteraient en premier lieu les plus pauvres. Il se refuse toujours à porter la TVA sur l’électricité à 23 % comme cela a été encore exigé lors de la dernière réunion à Bruxelles, de même qu’il s’est refusé à diminuer les petites retraites. Les dirigeants européens, comme beaucoup de commentateurs, ont qualifié son attitude d’« irraisonnable » et de « jusqu’auboutiste ». Un comble ! De leur côté, Hollande, Merkel et les autres dirigeants de l’UE se montrent déterminés à imposer des retraites de misère, des conditions de vie toujours plus précaires et misérables à toute la population. Ils sont prêts à affamer la population grecque sans aucun état d’âme. Seule la crainte qu’un défaut de paiement et une sortie de la Grèce de l’Euro puissent provoquer une tourmente financière les oblige à faire preuve d’une certaine prudence.

Il s’agit d’une politique aveugle, arc-boutée sur le seul principe du paiement de la dette, c’est-à-dire des intérêts des banques. Elle ne peut que conduire à l’aggravation de la crise et les dirigeants européens ne pourront pas indéfiniment la faire payer, ni à la population grecque, ni à celle des autres pays de l’Union.

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