Air France : les vautours de la direction17/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2446.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : les vautours de la direction

« La guerre est déclarée. Air France engage une procédure judiciaire contre le principal syndicat de pilotes pour non-respect des accords sociaux prévoyant 20 % de gains de compétitivité », a noté Le Parisien sur son site. C’est bien une guerre que mène la compagnie, mais contre tout le personnel, et sans relâche depuis une vingtaine d’années qu’elle a entrepris de supprimer des milliers d’emplois.

Avec son précédent « plan », Transform 2015, Air France voulait gagner 20 % de compétitivité. À volume d’activité identique, il s’agissait de réduire la masse salariale de l’équivalent d’un emploi sur cinq, avec ici des postes supprimés, là des départs dits volontaires, et partout une intensification de l’exploitation : flexibilité, mobilité et polyvalence accrues, rotations plus longues pour le personnel navigant…

S’agissant des hôtesses et stewards, la direction a atteint son objectif. Elle l’a même dépassé pour le personnel au sol : ouvriers et techniciens de piste, de maintenance des avions, employés de l’accueil et de l’enregistrement des passagers et de leurs bagages.

Mais elle dit n’avoir réalisé « que » 12 % de « gain économique » sur le dos des pilotes. Et surtout, elle n’a pas digéré d’avoir dû reculer devant leur grève de l’automne 2014. Alors, elle veut démontrer qu’elle aura le dernier mot, au moins devant les tribunaux. Et puis, en montrant du doigt ceux qu’elle accuse de ne pas vouloir faire de sacrifices et d’être des privilégiés qui plombent les comptes d’Air France, la compagnie use d’un vieux truc : elle cherche à diviser pour régner en dressant des catégories professionnelles contre d’autres.

Si elle y parvenait, ce serait tout bénéfice pour elle. Car, outre son action en justice, elle vient d’annoncer une série de nouvelles attaques contre l’ensemble du personnel.

Elle parle de « mesures complémentaires » à son plan Perform 2020 d’économies à réaliser. Ces mesures, qu’elle chiffre à 80 millions, consistent à fermer des lignes jugées peu rentables, à réduire des dessertes, à différer la livraison d’avions commandés, mais aussi, ce dont les médias n’ont rien dit, à frapper au porte-monnaie le personnel : quand elle l’envoie en mission, quand il se déplace ou quand il achète des billets à tarifs (de moins en moins) réduits…

Cela s’ajoute à Perform 2020. Avec ce plan, c’est près de 1,2 milliard que la direction veut récupérer en réduisant encore les effectifs comme au Fret, en accroissant la sous-traitance, en fermant hangars et services comme à Orly-Nord, en remplaçant par des automates une partie des salariés au contact avec le public à l’Escale, en exigeant le même travail en moins de temps comme aux Moteurs. En fait, partout, Air France s’en prend aux conditions de vie et de travail de tout le personnel.

Celui-ci n’est pourtant pour rien dans la concurrence à laquelle se livrent les compagnies, ni dans les choix de la direction et des actionnaires. Et ce serait à lui de faire les frais de ce système aberrant ? Neuf mois après la grève des pilotes, la seule chose que la direction n’aurait pas volée serait de se retrouver face à une lutte entraînant cette fois les dizaines de milliers de salariés de la compagnie, toutes catégories confondues.

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