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Dans le monde
République du Congo : pillage de la forêt tropicale
Des ONG viennent de publier des rapports détaillés dénonçant l’exploitation de la forêt en République démocratique du Congo (RDC) par de grandes sociétés industrielles qui ne se soucient ni des lois ni de la vie des populations. Des espèces d’arbres rares et protégées seront ainsi transformées, en Chine ou en Europe, en mobilier, en planchers de navires, en finitions luxueuses de salons, et en millions de dollars de profits.
La moitié des exportations de bois de RDC est assurée par deux sociétés. La plus grosse, à capitaux européens, s’est fait attribuer officiellement plus de deux millions d’hectares de concessions forestières, deux fois la surface de l’Île-de-France.
Or, pour 40 millions de villageois, la forêt tropicale est la principale ressource, avec de petites exploitations ou de l’agriculture sur brûlis. Les compagnies forestières industrielles ont le culot de mettre en cause cette exploitation artisanale de la forêt pour vanter leurs pratiques de développement durable. Mais, dans les faits, leur exploitation de la forêt ne respecte aucun autre droit que celui du plus fort. Leurs domaines immenses échappent à tout contrôle et elles y font régner leur ordre. Les exemples cités par les ONG sont édifiants. Lorsque les villageois protestent contre la spoliation de leurs terres ou le non-respect des engagements pris par la compagnie forestière, la police ou les militaires arrivent dans des véhicules de la compagnie, les passent à tabac, violent leurs filles et incendient les maisons, embarquant les fortes têtes pour les mettre en prison. La corruption règne partout, les autorités sont complices.
L’Europe importe chaque année pour 20 millions de dollars de bois de la RDC. La France est le deuxième client des sociétés opérant en RDC, après la Chine. Une législation internationale a été mise en place, obligeant en théorie les importateurs à s’assurer de la légalité de la récolte des bois qu’ils achètent. Mais aucune des concessions industrielles visitées par les inspecteurs des ONG ne respecte la loi, et toutes les compagnies opèrent dans des conditions scandaleuses.
Et ce n’est qu’un exemple du pillage de l’Afrique, de sa nature et, surtout, de sa population.