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Dans les entreprises
PSA – Rennes : une réaction à hauteur de l’attaque
Depuis plusieurs années, la production de l’usine PSA de Rennes n’a cessé de baisser, pour se stabiliser à un peu plus de 300 voitures par jour depuis un an.
Il y a un an, plutôt que de répartir la production entre les deux équipes de fabrication, la direction a supprimé le régime des 2x8, pour le remplacer par une équipe de fabrication dite du matin permanent. C’est-à-dire que les ouvriers fabriquent les voitures toutes les semaines de 5 h 39 à 13 h, alors qu’avant ils alternaient chaque semaine entre le matin et l’après-midi. Cette production sur une seule équipe a permis à la direction de maintenir une cadence très élevée, malgré un volume plus faible. Elle a surtout permis la suppression de centaines de postes de travail.
Après en avoir fait courir le bruit depuis le début de l’année, c’est dix minutes avant de partir en week-end, le vendredi 29 mai, que la direction a dévoilé un plan de modification des horaires de travail de l’équipe de fabrication.
Il est certes aberrant de fabriquer des voitures à 5 heures du matin, mais ce n’est pas cela qui motive le projet de la direction. Elle veut surtout en profiter pour supprimer les primes liées aux « inconvénients » d’horaires, qui représentent l’équivalent d’un mois de salaire sur l’année ! Elle veut aussi instaurer ce qu’elle appelle la « garantie journalière de production » ou « overtime ». Cela lui permettra de faire rattraper les voitures non fabriquées à cause de pannes des installations, le jour même, en prolongeant la journée. Avec cette mesure, les ouvriers ne sauront jamais en arrivant au travail à quelle heure ils finiront. La direction veut également en profiter pour supprimer les cars de transport du personnel, espérant ainsi une économie de plus de 400 000 euros par an. Elle imposerait ainsi un casse-tête insoluble à certains des 300 ouvriers qui utilisent ce système de transport.
La direction a présenté son projet à tous les ouvriers comme étant bouclé, ne laissant aux syndicats qu’à déterminer l’heure de la prise de poste et le positionnement d’une éventuelle pause de 20 mn, non payée, pour manger un casse-croûte dans l’atelier !
Très vite, chacun s’est rendu compte de l’ampleur de l’attaque. Dès le lundi 1er juin matin la CGT appelait à débrayer pour le lendemain, au moment où la direction recevait les syndicats pour discuter des détails de son projet. La revendication principale et non négociable était le maintien des primes d’équipe. La CFDT s’est jointe à l’appel de la CGT, alors que les autres syndicats étaient contre, prétextant que la négociation n’était pas terminée.
Le mardi, les chaînes de production du Montage n’ont pas redémarré après la pause de 9 h 45, des centaines d’ouvriers ont quitté leur poste pour aller vers le lieu de rassemblement prévu par la CGT. Ils ont été rejoints par des dizaines d’ouvriers d’autres ateliers. Au total, ce sont près de 800 travailleurs qui ont débrayé, dont 80 % des ouvriers du Montage. Les grévistes ont défilé dans les ateliers quasiment déserts en criant des slogans : « Pas touche à nos salaires », « Non, non, non à la suppression de la prime », « Sans nous, pas de bagnoles ».
Devant cette réaction massive, la direction a dit qu’elle réétudierait la question de la prime d’équipe et qu’elle ferait de nouvelles propositions.
Sans attendre, dès le lundi suivant, comme la direction avait prévu une demi-heure supplémentaire pour rattraper la production perdue, un nouveau débrayage a eu lieu à l’appel de la CGT, pour redire qu’il n’est pas question de laisser la direction faire ce qu’elle veut de nos salaires
Comme le scandaient les grévistes, « la force des travailleurs, c’est la grève » !