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- Lutte ouvrière n°2445
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Editorial
PS : un congrès de béni-oui-oui pour investir Hollande en 2017
Il y a trois ans, Hollande était élu sur le slogan, « le changement, c’est maintenant ». Depuis, la situation des travailleurs a effectivement changé... en pire. En pire parce qu’il y a 600 000 chômeurs de plus, parce que les conditions de travail sont devenues plus dures et que le niveau de vie a baissé.
Dès son arrivée au pouvoir, Hollande a jeté aux orties son programme de campagne pour adopter la ligne patronale - démantèlement des droits sociaux, allègement du coût du travail et chantage à la réduction de la dette. On en connaît le résultat : un grand patronat qui a traversé le plus gros de la crise sans perdre un euro et le monde ouvrier sacrifié sur l’autel de la compétitivité et des licenciements.
Et que font les dirigeants socialistes réunis en congrès le week-end dernier ? Ils applaudissent la politique de Valls-Macron et en redemandent en offrant à Hollande une standing ovation.
Sarkozy a été accusé d’usurper le mot « républicain », mais cela fait des décennies que les dirigeants du PS usurpent celui de « socialiste ».
Il y a très longtemps, lorsque le mouvement socialiste était digne de ce nom, il défendait les intérêts matériels et politiques des travailleurs. Il luttait contre l’exploitation patronale, dénonçait la loi du profit et se fixait pour but de renverser la bourgeoisie.
Aujourd’hui, le PS est passé dans le camp patronal et en est un serviteur fidèle. Il ne s’agit pas seulement de Hollande, de Valls ou de Macron mais bien du PS dans son ensemble. Dans ses discours, le PS tient à faire entendre une petite musique sociale, mais au pouvoir il ne jure que par la rentabilité et la compétitivité patronale, par la croissance des affaires de la bourgeoisie.
Cette semaine encore, le PS justifiera la possibilité pour le patronat de recourir plus largement aux accords de compétitivité, il justifiera le plafonnement des indemnités que les Prud’hommes peuvent prononcer en cas de condamnation de l’employeur, jusqu’au nouveau plan Hirsch qui vise, comme l’ancien, à supprimer des RTT au personnel des hôpitaux parisiens pour récupérer quelques millions.
En exécutant loyal de la bourgeoisie, Hollande la servira jusqu’au bout de son mandat, et le PS sera avec lui. Jean-Christophe Cambadélis, désormais premier secrétaire du PS, est convaincu qu’avec le retour de la croissance, les résultats de la politique gouvernementale ne tarderont pas. Derrière Hollande, les socialistes fondent leurs espoirs sur la reprise. Mais ce n’est pas « l’espoir » qui remplit le réfrigérateur, paye le loyer ou fait le plein de carburant !
Pour rester au pouvoir, les socialistes misent plus sûrement sur l’anti-Sarkozysme et la peur du Front national. Le « tout sauf Sarkozy » est en passe de redevenir le slogan numéro un du PS.
Et tous, de nous faire croire que la politique se borne à devoir choisir entre un Sarkozy toujours aussi arrogant et méprisant, une Le Pen prônant la guerre entre pauvres et un Hollande qui n’a pas cessé un seul jour de gouverner en faveur des patrons ! Il faut dire non à ce jeu de dupes où, pour rejeter untel ou unetelle, les travailleurs se privent d’affirmer leurs intérêts.
À gauche de la gauche, Mélenchon et le Parti de gauche, Duflot et les écologistes, Pierre Laurent et le PCF ou Hamon et les frondeurs du PS rêvent de voir naître un « mouvement citoyen », un « Podemos » ou un « Syriza » à la française susceptible de les hisser à nouveau au pouvoir. En tirant à boulets rouges sur le gouvernement, Montebourg qui a été ministre pendant deux ans s’est aussi mis sur les rangs.
Toute cette agitation peut réserver bien des surprises mais il n’y en aura aucune de bonne pour les travailleurs.
Qu’attendre d’ex-ministres du gouvernement ou de frondeurs qui cherchent d’abord à préserver leur carrière en se démarquant de Hollande ? Quant à ceux qui promettent une politique favorable aux travailleurs sans s’engager à combattre la bourgeoisie, ce ne sont que des bonimenteurs.
On ne combattra pas le chômage sans empêcher le grand patronat de licencier. On ne répartira pas le travail entre tous et on ne créera pas d’emplois sans prendre l’argent où il est, c’est-à-dire sur les dividendes des grands actionnaires. On ne préservera pas nos conditions de vie sans combattre la mainmise des banquiers et le chantage des financiers au paiement de la dette.
Le capital financier, responsable de la crise, s’est déjà largement remboursé sur notre dos, les classes populaires n’ont plus à se saigner pour lui.
C’est à défendre et à se battre pour une telle politique que les travailleurs doivent se préparer.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 8 juin