Migrants arrêtés à Paris : la solution du gouvernement10/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2445.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Migrants arrêtés à Paris : la solution du gouvernement

Mardi 1er juin, une vaste opération de police avait démantelé le campement installé depuis des mois sous le métro aérien près du boulevard de La Chapelle, où se retrouvaient dans des conditions insalubres près de 400 migrants ayant fuit la guerre au Soudan, en Érythrée ou en Éthiopie et ayant survécu à la traversée du désert et de la Méditerranée.

Lors de l’évacuation, les autorités avaient parlé d’un dispositif « très bien organisé », promettant une prise en charge des migrants et des solutions de relogement adaptées à chacun.

Si quelques familles ont pu bénéficier d’un relogement un peu plus durable, souvent en lointaine banlieue, la plupart des évacués, y compris des femmes enceintes et des nourrissons, se sont retrouvés à la rue après quelques nuits d’hôtel. Sans argent ni nourriture, avec leur peu d’affaires dispersées et leurs tentes détruites, ils se sont retrouvés à errer dans Paris. Ils ont bien tenté de se réinstaller la semaine dernière à proximité de l’église Saint-Bernard, qui avait été occupée en 1996. À l’époque déjà, le ministre de l’Intérieur Jean-Louis Debré, après avoir fait intervenir les CRS, avait parlé d’une expulsion avec « humanité et cœur ». Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, n’a pas été en reste, parlant de « solution la plus humaine possible ». Elle a consisté à disperser dès vendredi 5 les migrants, les rejetant dans les parcs alentour ou les obligeant à prendre le métro par petits groupes, tout en collant des CRS à leurs basques pour éviter qu’ils ne se rassemblent à nouveau.

Et lundi 8 juin dans l’après-midi, alors que les migrants s’étaient regroupés sur le parvis de la halle Pajol dans le 18e arrondissement pour bénéficier d’une distribution de nourriture, ils ont vu arriver des CRS en nombre. Des riverains, des militants associatifs ou politiques ont bien tenté de faire un cordon pour les protéger, mais ils ont été rapidement dispersés par les charges de CRS et séparés des migrants. Ceux qui tentaient de s’enfuir ont été brutalement mis au sol, pour certains matraqués, et une centaine ont ensuite été évacués dans des bus, dans le but affiché de les expulser s’ils ne répondent pas aux critères de plus en plus restreints du droit d’asile. Des gens du quartier scandalisés, qui s’opposaient à cette rafle, ont été dispersés avec du gaz lacrymogène par les CRS.

Et le comble c’est qu’aujourd’hui les autorités présentent ces gestes de solidarité comme de la manipulation politique, et accusent les migrants de refuser les solutions proposées. Mais les caméras présentes et les témoignages des migrants eux-mêmes montrent que les autorités ont décidé d’utiliser une violence accrue, pour tenter de les disperser.

Plutôt que de mettre en place une solution durable, qui ne poserait aucune difficulté dans une ville aussi riche que Paris, les autorités continuent de vouloir disperser la misère, cherchant à empêcher les migrants d’être trop voyants et de s’organiser pour tenter de se défendre.

Face à des autorités adeptes de la matraque dépourvues de la plus simple humanité, la solidarité des travailleurs doit aller entièrement du côté de tous ceux, d’où qu’ils viennent, qui sont nos frères de classe.

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