Argentine : contre les violences faites aux femmes10/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2445.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : contre les violences faites aux femmes

« Pas une de plus » : c’est sur ce mot d’ordre que des dizaines de milliers de personnes, une majorité de femmes mais aussi des hommes, ont manifesté le 3 juin dans les rues de Buenos Aires, la capitale argentine, contre les assassinats de femmes. Des manifestations identiques avaient lieu le même jour dans d’autres villes mais aussi d’autres pays d’Amérique latine, le Chili, l’Uruguay et le Mexique, où les assassinats de femmes sont légion.

En Argentine, trois assassinats ont marqué l’opinion. Une institutrice de maternelle a été égorgée par son mari devant ses élèves. Une adolescente de 14 ans enceinte a été tuée et enterrée dans le jardin familial. Un amoureux éconduit a criblé de balles son ex-amie à la terrasse d’un café.

Les meurtres de femmes se sont multipliés en Argentine depuis quelques années. Entre 2010 et 2012, selon une ONG à l’origine de cette manifestation, 53 femmes ont été brûlées vives. 2013 a été l’année la plus meurtrière avec 295 femmes assassinées. La province de Salta, où deux étudiantes françaises avaient été assassinées en 2011, vient de prendre des mesures d’urgence, avec des juridictions renforcées et la mise en place de lieux d’accueil pour les femmes menacées.

Les manifestantes brandissaient des feuilles portant les noms de femmes tuées. Outre le machisme et la violence des hommes, elles dénonçaient d’autres discriminations, comme le fait que les femmes, à niveau égal, sont moins payées que les hommes.

En cette année d’élection présidentielle, la présidente argentine Cristina Kirchner, du parti péroniste, avec son sens habituel de l’opportunité, a apporté son soutien à la manifestation. C’est sous son règne que le terme « féminicide » a été inscrit dans le Code pénal comme une circonstance aggravante. L’homicide est puni d’une peine de 12 à 25 ans, mais le féminicide peut entraîner la prison à perpétuité ; une disposition qu’on retrouve dans d’autres pays d’Amérique latine.

Mais, si la loi argentine insiste sur la lutte contre les violences faites aux femmes, si elle se veut moderne et libérale en autorisant le libre choix de son sexe ou en permettant le mariage entre personnes de même sexe, une autre initiative de Cristina Kirchner, cette dernière main dans la main avec le pape et l’Église catholique, continue de s’opposer à l’avortement, alors qu’une telle mesure devrait être une mesure d’urgence, dans ce pays où tant de femmes et de jeunes filles sont victimes de comportements machistes.

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