Le CV anonyme : enterré pour ne pas déplaire au patronat20/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2442.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le CV anonyme : enterré pour ne pas déplaire au patronat

Un amendement au projet de « loi de réforme du dialogue social » d’origine gouvernementale va supprimer l’obligation, faite aux entreprises de plus de 50 salariés, de se servir pour leurs recrutements de CV anonymes, c’est-à-dire ne mentionnant ni le nom, ni le sexe, ni l’âge, ni aucune des caractéristiques personnelles pouvant donner lieu à discrimination. C’est l’enterrement annoncé d’une disposition ayant fait l’objet d’une loi votée en 2006, mais jamais appliquée depuis par aucun gouvernement, faute de décret d’application.

Suite à une plainte déposée en juillet 2014 par La Maison des Potes, une association antiraciste, le Conseil d’État a sommé le gouvernement de réparer cet « oubli ». Valls a alors commandé à un groupe « d’experts et de partenaires sociaux » un rapport sur « la lutte contre les discriminations en entreprise ».

Remis au gouvernement le 19 mai, ce rapport aurait fait, selon la presse, l’objet d’échanges vifs entre les membres de ce « groupe de dialogue ». Ce qui ne l’a pas empêché de recommander finalement de rendre le CV anonyme facultatif, c’est-à-dire à la libre appréciation du chef d’entreprise. Selon le responsable de La Maison des Potes, « à part le Medef, la CGPME et les représentants du CAC 40, il y avait un consensus de toutes les organisations de défense des salariés pour demander le décret ». Ce sont pourtant les représentants patronaux qui l’ont emporté. Avec ­Valls et son gouvernement – comme avec ses prédécesseurs – avec ou sans rapport, ce sont vraiment les patrons qui font… et défont la loi.

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