Asie du Sud-Est : migrants méprisés par tous20/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2442.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Asie du Sud-Est : migrants méprisés par tous

La marine thaïlandaise a refoulé, vendredi 14 mai, un navire avec à son bord 300 migrants, hommes, femmes et enfants, affamés et malades. Refusant de les accueillir, les autorités se sont contentées de larguer des vivres en mer par hélicoptère.

Cela fait plusieurs semaines, voire plusieurs mois, que des bateaux surchargés de migrants dérivent ainsi au large des côtes d’Indonésie, de Malaisie et de Thaïlande. Ils seraient au total plusieurs milliers à se retrouver coincés en pleine mer après avoir été abandonnés par leurs passeurs, épuisés et en proie aux maladies et à la malnutrition, dans de « véritables camps offshore », suivant l’expression d’une représentante d’une ONG locale.

La crise actuelle aurait été provoquée par le durcissement de la lutte contre les filières d’immigration illégales en Thaïlande, point de passage habituel des clandestins. L’accès aux côtes de ce pays étant devenu plus difficile, les passeurs abandonneraient plus souvent les navires surchargés d’immigrants en pleine mer d’Andaman ou dans le détroit de Malacca.

Beaucoup de ces migrants sont issus de la minorité musulmane de Birmanie, les Rohingyas. Ceux-ci sont victimes d’une politique discriminatoire de l’État birman qui refuse de leur reconnaitre la nationalité, même quand ils vivent dans le pays depuis plusieurs générations. Fuyant les persécutions, 150 000 d’entre eux auraient quitté le pays depuis 2012, et 25 000 depuis le début de l’année.

Mais, comme dans beaucoup d’autres régions du monde, ces déplacements massifs de populations sont la conséquence de la misère et du sous-développement. Beaucoup de ces migrants viennent des zones les plus pauvres, en particulier du Bangladesh, espérant trouver une vie meilleure dans d’autres pays de l’Asie du Sud-Est. Une fois en Malaisie, certains migrants tentent de poursuivre le voyage, si possible vers l’Australie.

La brutalité des méthodes utilisées par les gouvernements thaïlandais, malaisien et indonésien a de quoi choquer. Mais bien des États se prétendant civilisés et démocratiques ont des méthodes similaires. Dans la région, l’Australie a repoussé de la même façon des bateaux chargés de clandestins en dehors de ses eaux territoriales. Et, au même moment, les dirigeants de l’Union européenne font preuve d’un mépris criminel vis-à-vis des migrants en Méditerranée.

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