Affaire Kerviel : une commandante accuse la Générale20/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2442.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Kerviel : une commandante accuse la Générale

Au bout de sept ans, le témoignage d’une policière, relaté par le site d’informations Mediapart, fait resurgir l’affaire Jérôme Kerviel face à la Société Générale.

En 2008, la Société Générale révélait une perte colossale de 4,5 milliards d’euros sur les marchés financiers. Elle en rejetait la responsabilité sur un de ses traders, Jérôme Kerviel, qui aurait, à lui seul, engagé 50 milliards d’euros, soit plus que les fonds propres de la banque. Kerviel reconnaissait sa responsabilité mais affirmait que sa hiérarchie était parfaitement au courant de ses coups en Bourse et qu’elle l’avait couvert tant qu’il faisait gagner des centaines de millions à l’employeur. Il fut pourtant seul à écoper de cinq ans de prison dont deux avec sursis et de l’obligation de rembourser à la banque les 4,9 milliards perdus. Deux procès confirmèrent sa condamnation en 2012 et 2014 mais le dernier indiqua que le montant des dommages et intérêts était à revoir.

C’est dans le cadre d’une convocation récente par un juge d’instruction que la commandante de police de la brigade financière, enquêtrice dans cette affaire depuis le début, a révélé qu’elle avait changé d’avis sur la culpabilité du seul Kerviel. Avec le temps, certains éléments de son enquête lui ont semblé suspects. Elle dit avoir été « instrumentalisée » par ceux qui voulaient dédouaner la banque de toute responsabilité, à commencer par ses dirigeants eux-mêmes, qui choisissaient les témoins à lui présenter, refusaient certaines réquisitions, tronquaient des enregistrements de leurs conversations avec Kerviel, faisaient pression sur les cadres ou leur offraient de confortables primes de départ pour s’assurer de leur silence. Quant au parquet de Paris, selon Médiapart, il aurait tout fait pour enterrer l’affaire.

Que Kerviel n’ait pas agi seul, chacun pouvait s’en douter : quel banquier abandonnerait 50 milliards à un jeune trader pour jouer sans surveillance sur le tapis du casino mondial ?

Les révélations de l’enquêtrice permettront peut-être à Kerviel de faire réviser son procès. En tout cas elles risquent d’agiter le monde des affaires et leurs protecteurs dans la machine étatique. On est loin de la levée du secret bancaire mais l’affaire en souligne la nécessité.

Partager