Les 35 heures à l’AP-HP : une attaque qui vise tous les travailleurs hospitaliers12/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2441.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les 35 heures à l’AP-HP : une attaque qui vise tous les travailleurs hospitaliers

Martin Hirsch, le nouveau directeur général de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) nommé par le gouvernement, a déclenché une offensive en règle contre les 75 000 salariés des 37 hôpitaux qu’il a sous sa tutelle. Il s’agit de reprendre au personnel tout ou partie des jours de congés qui ont accompagné en 2002 la mise en place des 35 heures à l’AP-HP.

L’affaire a été rondement menée. Le 19 mars dans une interview au journal Les Échos, Martin Hirsch annonçait sa volonté de remettre en cause l’organisation des 35 heures à l’hôpital, organisation qui d’après lui générait de mauvaises conditions de travail. Le personnel qui travaille par cycle, 7 h 36 ou 7 h 50 en moyenne par jour pour la plupart, bénéficie en échange de jours dits de RTT, 18 ou 20 jours dans l’année. Hirsch veut ramener la journée de travail à 7 h 30. Cela ferait perdre, d’après les syndicats, 4 à 10 jours de RTT. Quant au personnel qui ne travaille pas le week-end, comme c’est le cas de la plupart des administratifs ou des ouvriers, il verrait la journée ramenée à 7 h en moyenne. C’est-à-dire que l’ensemble de ses RTT seraient supprimées, et en fait il devrait faire le même travail en moins de temps.

Une réduction du temps de travail fictive

Dès le 23 avril Hirsch transmettait aux organisations syndicales un document nommé : « Organisation du temps de travail. Dialogue social sur les modalités d’organisation du travail à l’AP-HP » qui reprenait ses annonces initiales. Il remettait en cause, sans se soucier de la légalité de la chose, tous les accords conclus sur l’application des 35 heures en 2002. Un calendrier de rencontres était fixé, avec la première le 6 mai, une conclusion définitive le 18 juin et une entrée en vigueur fixée au 1er janvier 2016. Et que les syndicats soient d’accord ou pas d’accord, Hirsch annonçait qu’il déciderait. Difficile de faire plus provocateur, et d’oser appeler tout cela « négociation ».

La diminution du temps de travail envisagée serait fictive, car elle se ferait, comme dans certains hôpitaux, en ne comptant plus comme du temps travaillé le temps de passage de consignes entre les équipes de soignants. Comme ces transmissions continueront à se faire par nécessité, cela reviendra à travailler gratuitement. Hirsch envisage d’ailleurs de reconsidérer l’ensemble de ce qui était assimilé jusqu’ici à du temps de travail : habillage et pauses repas…

La première annonce dans la presse avait déjà provoqué fin mars-début avril des réactions dans certains hôpitaux, en particulier à Saint-Antoine et Tenon. En réponse à la dernière provocation de ­Hirsch, la majorité des syndicats appelle l’ensemble des hôpitaux de l’AP-HP à une manifestation devant son siège le 21 mai prochain. Le 6 mai, lors de la première réunion, deux syndicats, la CGT et FO, ont claqué la porte et annoncé refuser de se réunir pour discuter de ce projet qui n’était « ni amendable, ni discutable ». Quant à Sud, sa position a été plus ambiguë, puisqu’en annonçant son absence le 6 mai et son opposition, le syndicat annonçait sa volonté de participer aux négociations… à partir du 28 mai.

Cependant entre le 5 et le 7 mai des assemblées générales de protestation ont eu lieu.

Des économies que le personnel n’a pas à payer

Pour financer ses cadeaux aux entreprises et entre autres ses dégrèvements de cotisations sociales, le gouvernement veut économiser trois milliards sur les hôpitaux publics. Plus de 60 % des dépenses des hôpitaux sont des frais de personnel, c’est donc là que porte son attaque, et cette mesure est un de ses outils.

Le personnel, qui subit déjà tous les jours la chasse aux économies, avec la dégradation des conditions de travail, liée au sous-effectif permanent et au manque de matériel de base (thermomètres, tensiomètres, chariots…), se sent véritablement agressé par cette attaque en règle. Derrière l’offensive déclenchée par Hirsch, c’est le sort de tous les travailleurs hospitaliers du pays qui est en jeu. En s’en prenant aux hôpitaux parisiens, le gouvernement veut faire sauter un verrou et imposer sa réforme à tous les hôpitaux du pays et à leurs dirigeants, dont beaucoup jusqu’à présent n’ont pas osé mener l’offensive.

Tout dépendra de la réaction des travailleurs, en particulier lors de la journée du 21 mai, où l’ensemble du personnel des hôpitaux de l’AP-HP pourra faire entendre son refus d’un projet inacceptable en tous points.

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