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Airbus A400M : quatre morts pour le profit ?
Samedi 9 mai, lors d’un vol d’essai, un avion militaire gros porteur Airbus A400M s’est écrasé près de Séville, en Espagne, pour des raisons encore inconnues. Dès le lundi, alors que les salariés du groupe Airbus observaient dans toute l’Europe une minute de silence à la mémoire de leurs collègues morts dans l’accident, les dirigeants du groupe annonçaient la poursuite des vols d’essai et de la production. Mais, du côté des gouvernements européens commanditaires, la plupart ont dû se résoudre à suspendre temporairement l’utilisation de ce type d’avion.
Les autorités françaises, elles, n’ont pas renoncé à servir de vitrine publicitaire, même si le ministre de la Défense Le Drian a quand même dû limiter les vols aux opérations prioritaires.
Le soutien des gouvernements européens à ce programme militaire n’a jamais cessé. Présenté par Le Drian comme un bijou technologique, l’A400M était annoncé à l’origine comme le futur couteau suisse du transport aérien militaire, pouvant embarquer des chars, larguer du matériel et ravitailler des hélicoptères en vol, et même atterrir sur du sable. Pas grand-chose ne marche encore à ce jour. Même les appareils livrés, avec quatre ans de retard, sont pleins de problèmes comme en témoigne le seul livré à l’armée allemande, sur les 53 commandés. Après inspection, il aurait été relevé à son bord 875 défauts, dont l’absence de gaine isolante sur des câbles électriques.
Mais quelle importance ! Avec 170 avions commandés, la manne des dépenses militaires des États promet de continuer à couler, malgré des coûts de plus en plus astronomiques. Avec un tarif par appareil de l’ordre de 130 millions d’euros, le budget initial déjà exorbitant de 20 milliards d’euros dépasse désormais les 31 milliards.
L’action Airbus a baissé sur les marchés suite à l’accident, en raison de l’inquiétude des spéculateurs de voir les profits d’Airbus diminuer. Mais en attendant, les milliards d’euros d’argent public dépensés n’auront pas été perdus pour les actionnaires du groupe.