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Dans les entreprises
Téléperformance – Bordeaux : les travailleurs sous pression
Depuis plusieurs mois maintenant, plus de la moitié des 440 salariés du site de Téléperformance de Bordeaux font grève le samedi, pour les salaires mais surtout contre la dégradation des conditions de travail qu’ils subissent dans ce trust richissime. Celui-ci compte 3 400 travailleurs en France et engrange 150 millions de dollars de résultat net au niveau mondial.
Depuis un an, la direction a décidé d’utiliser tous les moyens possibles pour mettre encore la pression sur les salariés. Elle veut se donner les moyens de licencier plus facilement et à sa guise, en multipliant les motifs de sanction, au travers d’outils de pistage et de flicage.
Les caméras sont omniprésentes, même si celles placées dans les couloirs ont été finalement retirées. Mais il y a surtout les enregistrements des appels téléphoniques des employés. Sous prétexte d’améliorer leur travail, la direction utilise ces enregistrements pour exercer des pressions. Elle organise également pour cela des « cercles qualité » qui réunissent une dizaine de salariés pour écouter un appel prétendument pris au hasard. Mais c’est bien la hiérarchie qui choisit l’appel, qui est écouté et critiqué en groupe. Les fautes sont listées et elles sont remontées au salarié concerné, avec l’obligation d’améliorer ses futurs appels sous peine de sanction. En revanche, si l’appel est jugé excellent, il est pris comme référence et ceux qui l’ont écouté sont priés de faire de même, là aussi sous peine de sanction. Les travailleurs sont aussi utilisés tour à tour pour critiquer les autres ou bien pour être les victimes de ces critiques.
Autre outil à double tranchant, le classement des résultats permet de créer des divisions. Les plus « mauvais » salariés seront poussés à la faute pour être licenciés.
Plus grave encore, les entretiens téléphoniques de chacun pourront bientôt être analysés par un robot informatique pour y déterminer les failles, par utilisation de mots clés ou d’attitudes détectées automatiquement. Le prétexte est toujours d’améliorer la qualité de l’appel. Mais cela ouvrira la voie au licenciement dans le cas de certaines fautes. Et ce sera une menace pesant sur tout le monde, y compris les responsables d’équipe, à qui on reprochera les fautes qui sont inévitables au bout d’heures et d’heures de travail continu au téléphone.
Cette pression sur les salariés vise en particulier à faire partir les anciens et à assurer une rotation du personnel, permettant d’embaucher des jeunes que la direction pense plus exploitables et malléables. Les grévistes du samedi lui montrent ce qu’ils pensent de ces méthodes de négrier.