Loi santé : trois ans de mise en place pour ça…15/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2437.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi santé : trois ans de mise en place pour ça…

Mardi 14 avril, les députés devaient voter la loi de modernisation du système de santé. Mise en chantier à l’arrivée de la gauche au pouvoir, elle avait pour ambition « d’opérer une transformation en profondeur de notre système de santé » et notamment d’ « encourager la prévention, réduire les inégalités de santé et garantir l’accès aux soins ». Trois ans plus tard, on est loin de cette ambition.

Encourager la prévention : pour lutter contre le tabagisme, tous les paquets de cigarettes seront de même taille, couleur et typographie, et porteront des photos dénonçant les méfaits du tabac, à partir de mai 2016 si les cigarettiers ne trouvent pas la parade. Pour prévenir l’obésité, des logos devraient être apposés sur les produits alimentaires afin d’informer le consommateur de leur qualité nutritionnelle. Mais, et cela dure depuis le début du projet, les industriels bataillent sur la forme, la taille et la couleur des logos car, disent-ils, il ne faudrait pas stigmatiser leurs produits. Le choix est entre la santé de la population et les profits des industriels, et on sait qui ce gouvernement entend.

De nombreux autres articles de loi ont été votés, près de soixante. Parmi ceux-ci, la suppression de l’obligation du troisième entretien avant le recours à une interruption volontaire de grossesse. C’est une bonne chose, ne serait-ce que parce que cela donne une semaine de plus pour mettre fin à une grossesse non désirée. Mais par ailleurs rien n’est prévu pour permettre l’ouverture de nouveaux centres et l’IVG restera un véritable parcours de la combattante.

On est loin de la « transformation en profondeur de notre système de santé » qui permettrait de « garantir l’accès aux soins ». La généralisation du tiers-payant, promise par la ministre de la Santé depuis le début de la discussion, aurait permis d’avancer dans ce sens. Elle aurait été une amélioration réelle de l’accès aux soins pour tous ceux qui ne peuvent pas avancer les 23 euros d’une consultation tant leur budget est serré. Mais, après l’effet d’annonce pour se donner à bon compte une image « de gauche », le gouvernement n’est pas allé plus loin. Il s’est montré incapable de mettre en place un système permettant aux médecins, ceux qui n’étaient pas a priori hostiles, d’avoir un seul organisme payeur à la place des nombreuses mutuelles.

On nous dit que le tiers-payant va donc se mettre en place progressivement, avant d’être généralisé en novembre 2017. Mais, même à cette date tardive, rien n’assure de sa pérennité, puisque rien n’est prévu face aux médecins qui refuseront de l’appliquer.

Il faudra vraiment autre chose que cette loi pour que le système de santé évolue dans le bon sens.

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