Yémen : la population victime08/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2436.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Yémen : la population victime

L’Arabie saoudite a intensifié son offensive militaire commencée le 26 mars au Yémen. L’aviation et la marine saoudiennes bombardent désormais les quartiers tenus par les milices houthistes dans la ville d’Aden, le grand port du sud du pays. La population paie un lourd tribut dans cet affrontement : il y a déjà plus de 500 morts et de 1 500 blessés dans tout le pays.

Les houthistes, une organisation politico-religieuse se réclamant d’une branche du chiisme, sont traditionnellement implantés dans le nord du Yémen, à la frontière de l’Arabie saoudite. Ils ont gagné en influence en se mobilisant contre la corruption et l’augmentation des prix après le printemps 2011. À partir de l’été 2014, ils se sont emparés de territoires de plus en plus étendus avant de prendre possession de la capitale, Sanaa, et d’en chasser le président Hadi en janvier 2015. Alliés aux forces de l’ancien président Saleh, qui avait dû quitter le pouvoir en 2011, ils ont alors commencé à menacer Aden et le sud du pays.

Dans un pays unifié il y a seulement vingt-cinq ans, l’État yéménite s’est effondré, l’armée étant éclatée entre une partie restée fidèle à Saleh et une autre qui soutient Hadi. À cette guerre, il faut ajouter les attentats suicides opérés par al-Qaïda depuis des mois et, depuis peu, ceux revendiqués par Daech, qui cherche à étendre son influence au-delà de la Syrie et de l’Irak, dans la péninsule arabique.

Cette situation a été encore aggravée par l’intervention de l’impérialisme américain qui a utilisé, depuis 2012, des drones pour bombarder le sud du pays, sous prétexte d’y débusquer les chefs terroristes d’al-Qaida.

En intervenant à la tête d’une coalition de neuf pays, l’Arabie saoudite entend montrer qu’elle reste la puissance régionale avec qui il faut compter, en opposition à l’Iran qui soutient les milices chiites houthistes. Ce message est aussi adressé aux États-Unis, qui se sont trouvés mis devant le fait accompli. L’impérialisme américain s’est certes toujours appuyé sur l’Arabie saoudite, et Obama a déclaré publiquement soutenir l’opération militaire de cette alliée historique dans la région. Mais cette offensive militaire ne peut que l’embarrasser, à un moment où il conduit un rapprochement avec l’Iran, son allié contre Daech en Irak.

La population yéménite est depuis des années victime des rivalités entre milices et bouts d’appareil d’État. L’intervention des puissances régionales et le jeu qu’elles mènent avec les USA vient encore alourdir le tribut qu’elle paye.

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