Radio France : 21 jours de grève et un plan d’austérité qui ne passe pas08/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2436.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Radio France : 21 jours de grève et un plan d’austérité qui ne passe pas

Mercredi 8 avril, au vingt et unième jour de la grève de Radio France, qui regroupe France Inter, France Culture, France Bleu, France Musique, Fip et le Mouv’, le PDG Mathieu Gallet devait présenter au comité central d’entreprise extraordinaire un plan d’économies que le gouvernement a chiffré à 50 millions d’euros. Ce plan pourrait imposer jusqu’à 380 départs volontaires parmi les salariés les plus âgés. Avant même que ce plan soit connu, les syndicats de Radio France ont fait savoir qu’ils refuseraient ces suppressions d’emplois.

Ce plan devrait maintenir les deux orchestres de Radio France, mais peut-être en réduire les effectifs, comme l’a suggéré la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin.

Vendredi 3 avril, la ministre avait sommé Mathieu Gallet de reprendre le dialogue avec les grévistes. Mais ceux-ci, en assemblée générale, ont voté une motion de défiance et exigé la démission du PDG, ce que celui-ci a refusé. Samedi 4, les négociations ont repris, mais elles ont aussitôt capoté. Les syndicats ont rejeté par avance les réductions d’effectifs et laissé entendre que ce plan ne peut que durcir la grève en cours.

Lundi 6 avril, le gouvernement était à la manœuvre, avec le secours de France Inter. La Matinale de Patrick Cohen sur cette radio était ressuscitée et recevait... Fleur Pellerin. La ministre a appelé à « trouver une issue rapide au conflit », mais elle a aussi justifié la stagnation de la dotation publique depuis 2012, à la source pourtant d’une partie des économies qu’elle cherche à imposer, en expliquant qu’« on demande des efforts à tout le monde ». Mais les grévistes de Radio France savent mieux que quiconque que « tout le monde », c’est toujours les salariés sur qui, partout, on fait reposer les efforts, sous forme de suppressions d’emplois et d’intensification du travail.

Quant à la suggestion de la ministre d’une « radio publique ambitieuse, plus économe des deniers publics », elle n’est pas de meilleur augure. On aimerait entendre ce gouvernement tenir ce langage au Medef et l’inviter à se montrer plus économe en matière d’aides et subventions ! Mais tous les sacrifices que le gouvernement impose, à Radio France et ailleurs, ont justement pour objectif de garnir un peu plus la cassette d’un patronat insatiable.

Les animateurs de France Inter la présentaient autrefois comme la radio de ceux qui ont « quelque chose entre les oreilles ». En se montrant à leur poste tandis que « d’autres catégories sont en grève », selon la formule consacrée, ils auront surtout montré qu’eux n’ont guère de conscience sociale. Depuis le début, la grève mobilise les techniciens, ces invisibles indispensables au bon fonctionnement de la radio. Le syndicat des journalistes, le SNJ, n’a appelé qu’à une seule journée de grève, vendredi 3, et a même désavoué la motion de défiance contre le PDG.

En tout cas, les grévistes restent mobilisés pour la défense des emplois menacés et par la crainte que les critères de rentabilité finissent par détruire la qualité du service public, comme dans bien d’autres secteurs. On saura bientôt le contenu précis du plan et les conséquences pour la grève en cours.

En attendant, en optant pour la grève, les salariés de Radio France ont choisi la seule voie qui leur donne une chance de se faire entendre et de contrecarrer les sales coups que la direction leur a mijotés.

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