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Iran-USA : l’accord sur le nucléaire en cache d’autres
Un accord-cadre a été signé le 2 avril à Lausanne, entre l’Iran d’un côté et de l’autre les États-Unis et les puissances impérialistes, Grande-Bretagne, Allemagne et France, auxquelles se sont jointes la Russie et la Chine. Même si sa finalisation ne devrait avoir lieu que fin juin 2015, cet accord portant principalement sur les capacités nucléaires de la République islamique suscite des réactions attendues.
Aux États-Unis, le chef de la majorité républicaine au Sénat l’a dénoncé comme un ensemble de « concessions de l’administration Obama à l’Iran ». En Israël, le cabinet de Sécurité du Premier ministre y est hostile, exigeant une « reconnaissance claire et sans ambiguïté du droit à l’existence d’Israël ». À Téhéran, la population semble soulagée de pouvoir envisager une levée de l’embargo économique qui l’écrase depuis près de dix ans, responsable de l’aggravation du chômage, de l’effondrement du rial iranien par rapport au dollar et de la hausse des produits alimentaires et énergétiques. Les pays importateurs de pétrole sont rassurés. Quant aux pétroliers, ils anticipent déjà les répercussions que l’accord pourrait entraîner, lorsque les stocks d’hydrocarbures iraniens déferleront sur le marché.
Pourtant l’accord de Lausanne, s’il semble à première vue rompre avec l’attitude des prédécesseurs d’Obama, n’en constitue pas moins un marchandage dans lequel le régime iranien est contraint d’entrer. En effet les États-Unis ne s’engagent à suspendre les sanctions internationales et les embargos qu’une fois que l’Iran aura démontré qu’il a réduit sa capacité à enrichir l’uranium et son stock d’uranium enrichi déjà existant, inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique à l’appui.
Si la situation économique de la population iranienne s’améliore un peu, ce ne sera pas, loin de là, à des considérations humanitaires qu’elle le devra. L’enjeu est stratégique pour les grandes puissances : l’Iran n’est plus « l’axe du Mal » que Bush feignait de craindre, mais une puissance régionale incontournable dans le chaos que les États-Unis et leurs alliés ont créé au Moyen-Orient.
L’Arabie saoudite et les États du Golfe, avec l’aval des États-Unis, ont favorisé l’émergence des milices islamistes, au point de rendre la situation incontrôlable. Désormais, les dirigeants des États-Unis en sont à voir en l’Iran le seul recours pour rétablir un certain équilibre. Pays peuplé, industriel, potentiellement influent en Syrie, en Irak et au Yémen, l’Iran redevient un pion nécessaire à l’impérialisme sur l’échiquier régional.
L’impérialisme américain n’en sort pas pour autant de ses contradictions, allié ici de l’Iran, là des pays du Golfe et de la Turquie, autant d’États rivaux qui se mesurent par milices interposées. L’accord ne mettra fin ni aux tensions et à l’affrontement des milices et des armées rivales, ni aux malheurs des populations.