Japon : Okinawa : manifestations contre les bases américaines01/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2435.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Japon : Okinawa : manifestations contre les bases américaines

Des affrontements ont à nouveau éclaté lundi 30 mars dans l’archipel d’Okinawa, au sud du Japon, contre la construction d’une nouvelle base américaine.

Victime des affrontements entre l’armée impériale japonaise et les troupes américaines qui firent 230 000 morts entre avril et juin 1945, la région d’Okinawa fut occupée militairement jusqu’en 1972 pour servir de base arrière aux guerres des États-Unis en Corée et au Vietnam. La population de cette région, s’est toujours opposée à la présence des soldats américains qui y sont encore plus de 25 000 aujourd’hui.

La base aérienne de Futenma, installée en pleine ville, est source de nuisances quotidiennes pour les habitants, en particulier les écoliers qui voient leurs cours interrompus par les décollages incessants des avions militaires gros porteurs. La population est entraînée par la sécurité civile japonaise à faire face à l’écrasement éventuel d’un hélicoptère militaire américain, comme ce fut le cas sur l’université de Naha le 13 août 2004.

Mais ce sont surtout les exactions répétées des militaires américains contre la population et contre les femmes en particulier qui suscitent la colère, les soldats n’étant soumis qu’à la justice militaire américaine. Après le viol d’une écolière par trois GI’s en 1995, le gouvernement avait fait la promesse, pour chercher à calmer les habitants, de déplacer la base de Futemna dans une zone littorale du nord de l’île, moins peuplée.

Après avoir traîné pendant des années, les travaux d’agrandissement de la nouvelle base située dans la baie d’Oura ont provoqué à nouveau des manifestations. Les tentatives de blocage des camions de matériel de construction devant le camp des marines, les bagarres avec la police et les gardes privés ont poussé le gouverneur élu en novembre dernier, Takeshi Onaga, à ordonner la suspension des travaux le 23 mars. Mais le gouvernement central a annulé le gel des opérations. Le Premier ministre Shinzo Abe, malgré l’opposition de la population, souhaite renforcer les liens avec les États-Unis et augmenter les dépenses militaires sous prétexte d’une menace chinoise.

Bien des habitants d’Okinawa ont le sentiment d’être des laissés-pour-compte. Ils craignent un renforcement de la présence américaine dans l’archipel alors qu’ils doivent déjà supporter la moitié des 47 000 soldats américains postés en permanence au Japon.

Comme l’exprimait une manifestante âgée de 85 ans : « je porte sur mon corps les cicatrices des brûlures des lance-flammes américains et je refuse de céder la terre de mes ancêtres. »

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