Syrie : Bachar al-Assad redevient fréquentable18/03/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/03/2433.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : Bachar al-Assad redevient fréquentable

Selon le secrétaire d’État John Kerry, les États-Unis seraient désormais prêts à négocier avec Bachar al-Assad. Jusque là, leur position officielle était qu’« Assad doit partir », comme l’avait dit Obama en 2011. Depuis, le régime syrien a multiplié les crimes contre son peuple, dans une guerre civile qui a fait quelque 215 000 morts et des millions de déplacés. Mais l’administration américaine semble disposée à passer l’éponge.

Non seulement le régime d’Assad s’est révélé plus solide qu’elle ne le croyait mais il est devenu de fait un allié dans la guerre menée contre l’État islamique (Daech), dont l’emprise s’étend sur une partie de la Syrie. Depuis l’été 2014, les États-Unis bombardent les positions de ce groupe armé et s’entendent pour cela avec le régime de Damas.

Le gouvernement français, cependant, a désapprouvé officiellement cette position. « Il n’y aura pas de solution pour la Syrie tant que Bachar al-Assad est au pouvoir », a grondé Valls. Et d’expliquer que la France ne négocie pas avec les dictateurs, comme on l’a déjà entendu il y a deux semaines lors de la visite rendue à Assad par… quatre députés français.

Cette posture est parfaitement hypocrite. Les gouvernements français ont une longue tradition d’amitié intéressée avec les dictatures quand elles servent leurs intérêts. Au cours des seules dernières semaines, Hollande est allé en Arabie saoudite présenter ses condoléances après la mort de son despote, le roi Abdallah. Et que de cocoricos n’a-t-on entendus lors de la vente d’avions de combat Rafale à l’Égypte du maréchal al-Sissi, un autre dictateur ! Autant de bons clients pour les entreprises françaises d’armement ou de travaux publics, qui méritent bien quelques courbettes.

Bachar al-Assad n’est plus en odeur de sainteté depuis mars 2011, quand son régime a semblé sur le point de s’effondrer. Mais il était auparavant un partenaire privilégié de la France. Le 14 juillet 2008, il avait assisté au défilé militaire sur les Champs-Élysées, avant que Sarkozy lui rende la politesse d’une visite en septembre de la même année. Histoire que les choses soient claires, en novembre 2009 et en décembre 2010 Assad était invité officiel à l’Élysée. À l’époque, c’étaient les États-Unis qui fronçaient des sourcils.

Aujourd’hui, le rapport de force sur le terrain oblige les États-Unis à renouer avec Assad. Quant à la France, dont de toute façon les forces comptent peu dans les affrontements au Moyen-Orient, elle peut se permettre de faire la fine bouche. À moins, qui sait, qu’Assad ne redevienne un client.

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