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- Lutte ouvrière n°2433
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Sud service – groupe Nicollin : grève du ménage à l’université Dauphine
Les ouvriers du ménage et de l’entretien de l’université Paris 9 (Dauphine) ont fait treize jours de grève pour protester contre les pressions de l’encadrement et les mauvaises conditions de travail dues à une baisse des effectifs. En quelques années, le personnel est passé de 35 à 28 travailleurs pour l’entretien de locaux qui, eux, n’ont pas rétréci.
Lundi 2 mars, jour de rentrée après les vacances d’hiver, un rassemblement appelé par la CFDT a réuni une quarantaine de personnes à l’entrée de l’université, dans le bruit et la bonne humeur. Des tracts étaient distribués aux étudiants et aux autres travailleurs du site.
Au bout de treize jours de lutte, les grévistes ont obtenu le déplacement d’un chef d’équipe qui, depuis son arrivée il y a quatre ans, rendait la vie impossible aux ouvriers : pressions, harcèlement moral, mépris, langage ordurier... Considérant que l’entreprise est responsable de ce comportement inadmissible, et donc des protestations, les ouvriers du ménage ont également imposé le paiement des jours de grève.
C’est l’entreprise Sud service, appartenant au groupe Nicollin, qui a remporté il y a quelques mois l’appel d’offres de l’université. Cette société a repris les salariés déjà présents sur le site, dont certains depuis près de quarante ans, comme la loi l’y oblige. Mais elle a également repris les méthodes habituelles des patrons du secteur : la diminution des effectifs, les bas salaires, l’intimidation, etc. Lorsque les travailleurs réclament plus de monde, on leur répond que les caisses sont vides. L’argument est un peu fort, de la part d’un groupe qui se vante d’être le « troisième acteur français dans la gestion globale des déchets » et qui met en avant le club professionnel de football de Montpellier, que Louis Nicollin a racheté et dont il est président.
Ce même lundi 2 mars au matin, le président de l’université, furieux et flanqué des chefs de la sécurité, est venu demander aux manifestants de ne pas perturber l’entrée. Ces messieurs-dames auraient sans doute préféré que la grève se termine pendant les vacances et reste invisible. Mais c’est bien l’université qui passe les contrats les moins chers possible avec les entreprises de nettoyage. Elle est donc complice, comme le faisaient remarquer des travailleurs, dont certains, après plus de trente ans de service, n’ont qu’un salaire de 1300 euros, à peine au-dessus du smic.
En tout cas, ces jours de grève auront un peu changé l’ambiance. L’université Dauphine, située dans le chic 16e arrondissement de Paris, est réputée dans la formation de futurs hauts cadres, à qui l’on apprend à mépriser les travailleurs et à leur demander des sacrifices. Des ténors de l’UMP et du PS y viennent souvent faire des conférences. Mais, pour une fois, on aura entendu une autre voix, celle des travailleurs sans qui rien ne fonctionne.