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Dans l'enseignement
Éducation : encore une réforme sans moyens
La ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a annoncé sa réforme du collège, qui devrait rentrer en application à la rentrée 2016. Disant vouloir « libérer la capacité d’initiative des enseignants », cette réforme risque au contraire d’accroître encore leurs difficultés et celles des élèves.
Dans bien des établissements, enseignants et parents se rendent compte que les moyens alloués à la prochaine rentrée ne permettront pas de faire face, et certains se mobilisent pour protester. Face à cette réalité, les annonces de la ministre apparaissent surtout comme un moyen de donner le change, en camouflant l’absence de moyens.
Avec cette réforme, 20 % de l’enseignement serait interdisciplinaire. Plusieurs professeurs de matières différentes prendraient en charge ces heures de cours. Dans l’exemple donné par le ministère, deux élèves pourraient par exemple travailler en physique, en technologie et en sciences de la vie et de la terre (SVT) sur les éoliennes. Autre innovation, l’étude de la seconde langue vivante débuterait en cinquième. Tout cela peut apparaître séduisant sur le papier, mais c’est loin des difficultés vécues par les enseignants, les parents et les élèves dans les collèges, en particulier ceux des quartiers populaires.
Ces collèges héritent en sixième de tous les problèmes qui n’ont pas été résolus auparavant, faute de moyens. Parce que les classes sont surchargées et que beaucoup de professeurs malades ne sont pas remplacés en primaire, une partie des élèves arrivent en sixième sans savoir vraiment lire, écrire ni calculer. Pour tenter d’y remédier, il faudrait beaucoup plus d’enseignants. Seuls des moyens supplémentaires permettraient de prendre en charge ces difficultés déjà anciennes.
La ministre parle bien de 4 000 postes sur le quinquennat consacrés à cette réforme, mais ceux-ci sont déjà inclus dans les 60 000 annoncés sur cette période, et l’on voit bien que ce chiffre est notablement insuffisant face à l’augmentation du nombre d’élèves. La réforme risque donc simplement d’apporter encore un peu plus de confusion dans les collèges.
Dans une interview à la chaîne I-télé dimanche 15 mars, Najat Vallaud-Belkacem déclarait qu’elle ne réclamait pas des moyens supplémentaires pour l’éducation. Ce n’est manifestement pas le cas des enseignants et des parents en colère, et ce n’est pas sa réforme qui risque de les calmer.