Drame de Clichy-sous-Bois : les lenteurs de la justice et de l’État18/03/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/03/2433.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Drame de Clichy-sous-Bois : les lenteurs de la justice et de l’État

Lundi 16 mars s’est ouvert à Rennes le procès des deux policiers accusés de non-assistance à personne en danger dans le drame de Clichy-sous-Bois, en région parisienne, le 27 octobre 2005. Deux adolescents de 15 et 17 ans avaient été mortellement électrocutés par un arc électrique dans un transformateur EDF, en tentant d’échapper à une patrouille de police. Un autre jeune de 17 ans, très grièvement brûlé, est présent à Rennes pour témoigner de ce qui s’est passé cette nuit-là.

L’émotion soulevée par ce drame avait mis les cités de banlieue en ébullition pendant trois semaines et le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, avait décrété l’état d’urgence.

Dix ans après, le président du tribunal de Rennes a d’ores et déjà mis les choses au point en déclarant : « Il n’est pas question dans cette enceinte de faire le procès de la police nationale, des émeutes qui ont secoué la France ou des interventions politiques des uns et des autres. » Et s’il a fallu autant attendre pour en arriver à ce procès, c’est parce que la justice a été lente, très lente.

D’abord jugée en Seine-Saint-Denis, à Bobigny, l’affaire s’est conclue par une demande de non-lieu. Puis elle a été délocalisée à Rennes, à près de 500 km du lieu du drame, sans doute pour que la justice soit plus sereine. Et c’est là que la chambre d’instruction de la cour d’appel a finalement renvoyé en septembre 2013 les deux policiers toujours en fonction. Ils risquent cinq ans de prison au maximum et 75 000 euros d’amende, s’ils sont reconnus coupables de non-assistance à personnes en danger. Le tribunal se pose encore cette question, alors que dès 2005 un rapport de l’Inspection général des services (IGS), sur la base des enregistrements des transmissions entre policiers, démontrait que la police savait que les jeunes étaient entrés dans le bâtiment de l’EDF, qu’elle avait conscience des risques, mais qu’aucune alerte ne fut transmise à l’EDF qui aurait eu le temps d’intervenir.

À l’époque, Sarkozy avait dit que la vérité serait faite sur ce drame, mais il avait choisi de couvrir sa police qui niait tout, y compris la course-poursuite. Cela avait mis le feu aux poudres dans les banlieues. Dix ans plus tard, la justice attend toujours et, du bas en haut de la hiérarchie de l’État et des tribunaux, il s’agit toujours de mettre la police hors de cause.

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