Renault Le Mans : les suppressions d’emplois ne passent pas11/03/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/03/rassemblement_casse_croute_2_renault_Le_Mans_4_mars_2015.JPG.420x236_q85_box-0%2C306%2C3264%2C2142_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Le Mans : les suppressions d’emplois ne passent pas

Jeudi 26 février, dans les deux ateliers de MPR (magasins de pièces de rechange) de l’usine Renault du Mans, la direction a réuni les travailleurs pour leur annoncer que leur activité était réorganisée et que 14 postes sur les 35 au total (38 avec la maîtrise) étaient délocalisés à ACI Villeurbanne.

Illustration - les suppressions d’emplois  ne passent pas

Ces ateliers regroupent un certain nombre de travailleurs à aptitudes réduites et leur travail consiste à mettre dans des boîtes en carton des disques de frein, des tambours de frein, des moyeux, etc. ou à conditionner dans des modules des pièces métalliques sorties des presses. Le tout est envoyé dans les centres de MPR de Cergy-Pontoise et Villeroy, ou encore à Grand-Couronne.

Au même moment, lors du comité d’entreprise, la direction faisait la même annonce (en points « divers ») en disant que ce transfert d’activité était fait « au titre de la solidarité » avec ACI Villeurbanne qui était en difficulté et en proie au chômage partiel. Il faut un sacré culot de la part de la direction pour oser parler de solidarité alors que Renault a déjà supprimé 4 000 emplois sur le groupe depuis mars 2013 avec son accord de compétitivité, et prévoit d’en supprimer encore autant d’ici décembre 2016.

Cette annonce soudaine a évidemment surpris tout le monde et a inquiété en premier lieu ceux dont l’emploi était supprimé.

Aussi dès le lendemain matin, la CGT appelait l’ensemble de l’usine à débrayer contre cette délocalisation du MPR. 150 travailleurs répondaient présent et durant toute la matinée il y eut différentes actions pour mettre la direction en difficulté sur sa production. Une très grande partie des grévistes du matin se retrouva en fin d’équipe à la porte de l’usine pour attendre l’équipe du soir qui, elle aussi, était appelée à débrayer.

Pour tous les grévistes, avec ses 2 milliards de bénéfices et les 560 millions distribués aux actionnaires, Renault a largement les moyens de maintenir l’activité MPR au Mans et d’attribuer des fabrications à ACI Villeurbanne, qui permettraient là aussi de préserver l’emploi à l’avenir. Il faut d’ailleurs signaler qu’un certain nombre d’ouvriers de Villeurbanne, actuellement en « mobilité » au Mans, ont eux aussi fait grève.

Le mouvement de débrayages et d’actions dans l’usine dans chaque équipe a continué ainsi jusqu’au mercredi 4 mars inclus et a regroupé entre 150 et 250 travailleurs sur les 900 ouvriers de production de l’usine.

Mercredi 4 mars, un rassemblement casse-croûte interéquipes a eu lieu à la porte de l’usine alors qu’une délégation était reçue par la direction.

Finalement, si dans un premier temps le transfert des 14 postes de MPR à Villeurbanne était maintenu par la direction, celle-ci a dû en rabattre tant sur la forme que sur le fond. Elle s’est engagée à reclasser tous les travailleurs dont le poste était supprimé selon leurs souhaits et possibilités. Pour les autres, ils retrouveraient leur poste mais en fin de ligne de production.

La direction reconnaissait aussi qu’il était plus logique de maintenir le MPR au Mans vu que les pièces y sont directement fabriquées et que ce secteur pourrait être réintégré sur l’usine dans l’avenir. Enfin, elle annonçait des réunions avec les syndicats pour maintenir à long terme l’emploi à Villeurbanne, sans déshabiller Pierre pour habiller Paul.

Pour le moment ce ne sont que des promesses, et les travailleurs vont devoir se tenir prêts à réagir de nouveau pour imposer que personne ne soit laissé pour compte et ne paye cette réorganisation.

En tout cas, si la direction pensait que son mauvais coup resterait sans réaction, elle en a été pour ses frais, et sa production aussi.

Partager