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Dans le monde
Irak : les ravages de Daech, et les autres
Le groupe État islamique (Daech) a diffusé des vidéos dans lesquelles ses miliciens se montrent en train de détruire un certain nombre de vestiges archéologiques des civilisations de Mésopotamie qui ont traversé les siècles et sont encore visibles dans le nord de l’Irak.
Daech jette à la face du monde les coups de hache portés à ces blocs d’argile façonnés par l’homme il y a des milliers d’années, comme il exhibe les exécutions d’otages, de façon à terroriser la population qu’il veut soumettre. Il met en scène sa barbarie afin de frapper les esprits, d’affirmer sa capacité à détruire tout ce qui contrecarre sa vision de l’islam et finalement sa volonté d’imposer sa dictature sur les hommes et les esprits.
La destruction de ces œuvres d’art est choquante et apparaît comme une perte importante pour toute l’humanité. Mais cette barbarie de Daech ne doit pas cacher la responsabilité de l’impérialisme. Ne serait-ce que parce que l’existence de ces milices est un sous-produit des guerres d’Irak menées par l’impérialisme, dont la France.
En janvier 1991, les puits du Koweït, que les compagnies pétrolières considéraient comme les leurs, avaient été occupés par l’Irak de Saddam Hussein. James Baker, ministre des Affaires étrangères des États-Unis, menaça alors l’Irak de bombardements qui pourraient le catapulter jusqu’à l’âge de pierre. Eh bien, il ne s’agissait pas de menaces en l’air ! Les États-Unis prirent aussitôt la tête d’une coalition de 50 États, dont la France, forte de 700 000 soldats.
Un déluge de feu s’abattit alors sur la population irakienne et sur les infrastructures du pays. Le blocus économique qui suivit, durant dix ans, fit mourir sans doute un million de personnes, dont la moitié d’enfants. En 2003, une nouvelle intervention américaine, suivie de neuf années d’occupation, apporta le chaos, et pas seulement sur le plan matériel. En effet, après le renversement du dictateur Saddam Hussein, l’organisation du pays éclata suivant les clivages confessionnels, avant d’aboutir à une guerre civile, sur fond de pays dévasté. Le développement fulgurant de la milice dénommée État islamique est le produit de cette occupation impérialiste.
Depuis que l’Irak est livré aux milices, les archéologues ont dénoncé, images à l’appui, le pillage des musées et des sites. C’est ainsi que le musée de Bagdad vient seulement de rouvrir, mutilé par le saccage lors de l’intervention impérialiste de 2003, alors que des troupes américaines stationnaient à proximité, protégeant le ministère du Pétrole. La revue Archeologia en France et l’université de Chicago aux États-Unis avaient à l’époque publié des photos d’œuvres et de sites de fouilles endommagés ou détruits. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement d’un trafic lucratif destiné aux collectionneurs des pays riches, mais d’une destruction systématique voulue par un pouvoir intégriste.
Tout cela n’empêche pas les grandes puissances de poursuivre leur politique désastreuse. Et c’est en toute discrétion que les États-Unis, suivis de la France puis du Royaume-Uni, ont repris leurs bombardements sur l’Irak en septembre dernier, continuant à semer la mort et le chaos, terreau de la barbarie des milices de l’État islamique.