Claude Guéant, grand ami et ex-ministre de l’Intérieur de Sarkozy, est sorti de garde à vue samedi 7 mars et a été mis en examen. Il est accusé d’avoir en 2007 vendu à l’étranger deux tableaux d’une valeur de 500 000 euros, sans autorisation d’exportation ni déclaration au fisc. Mais surtout, il est soupçonné d’avoir ainsi alimenté le compte de campagne de Sarkozy.

Quel rapport avec la peinture ? C’est que, lorsqu’en 2008 on a trouvé chez lui trace d’un virement de 500 000 euros, Guéant a déclaré que cet argent provenait de la vente à un avocat malaisien de deux tableaux d’un peintre flamand du 17^e siècle. Exportation de tableaux sans autorisation et vente sans déclaration au fisc, voilà qui tombe sous le coup de la loi. Mais le prix de vente, pour de petits tableaux d’un peintre peu connu, semble largement surévalué. Plus gênant encore : personne, à part Guéant, n’a jamais vu ces tableaux. Il dit qu’ils ont été achetés, prétend-il, dans les années 1990 par sa femme, malheureusement morte en 2008. Pas trace d’eux non plus en Malaisie, pas plus que du prétendu avocat acheteur.

En revanche le compte malaisien qui a payé les 500 000 euros semble avoir été alimenté par un homme d’affaires saoudien lié à la droite française, dont le nom est cité dans le dossier Karachi : des vedettes vendues au Pakistan et à l’Arabie saoudite, à l’origine de pots-de-vin ayant alimenté en 1995 le compte de la campagne présidentielle de Balladur, dont Sarkozy, le grand ami de Guéant, était le porte-parole, après avoir été son ministre du Budget.

Rien de bien clair dans cette affaire, à part l’absence complète de tableaux. En revanche l’obscurité domine : hommes de paille, pots-de-vin, financements occultes et liaisons troubles entre politique et affaires. Pas trace d’art là-dedans mais, en matière de cuisine politicienne, un cas d’école.