Des employés de Daher sont présents à chaque étape de la fabrication d’un hélicoptère : ils doivent fournir les pièces, ensuite acheminer les sous-ensembles à travers l’usine, enfin expédier les pièces et même certains hélicoptères. Les conditions de travail ne sont pas toujours à la hauteur.

Six jours sur sept, certains des employés triment dans des magasins sans aération suffisante pour évacuer les vapeurs toxiques, tel le magasin souterrain sous la révision mécanique, tandis que d’autres magasins en surface sont, eux, ouverts à tous les vents.

Tout est toujours urgent, par exemple pour amener une boîte de transmission depuis l’atelier de montage mécanique jusqu’en chaîne de production. Pour cela il faut traverser l’usine sur un chariot élévateur, dépourvu d’amortisseurs, par tous les temps, sur une route en mauvais état dont on ressent tous les cahots.

Les appareils immobilisés ont la priorité et les magasiniers doivent sortir la pièce manquante de l’un des magasins, la contrôler, en assurer expédition et suivi très rapidement.

Dans le hangar principal, le R7, ce sont des dizaines d’employés de Daher qui passent leurs journées devant des tapis roulants de caisses remplies de pièces à scanner, à saisir, à manutentionner pour confectionner un lot de pièces, une préparation, qui alimentera les chaînes de montage de toute l’usine. Ailleurs, les ouvriers de Daher démontent certains hélicoptères destinés à l’expédition par container.

La société Daher est dirigée à 80 % par la famille Daher dont la fortune estimée était de 300 millions d’euros en 2014. Cela représente 25 % de mieux qu’en 2013. Elle est passée du rang de 211^e fortune de France en 2013 à 180^e en 2014. Pas mal en ces temps de crise. Avec une fortune qui représente environ 15 000 ans de salaire d’un cariste ou d’une préparatrice de commande, Daher ne manque pas de culot pour dire qu’il ne peut pas augmenter les salaires.

Par ailleurs, Daher multiplie les procédures disciplinaires contre les militants, en particulier de la CGT, sur les sites d’Île-de-France. Le licenciement d’un délégué CGT a été refusé il y a quelque temps par l’Inspection du travail, mais un autre délégué CGT vient d’être licencié pour avoir prétendument insulté un client de Dassault. Le client a depuis démenti, mais Daher maintient le licenciement, cette fois-ci pour insulte à un chef de service, mais sans autre témoin que ledit chef...

Patrick Daher veut montrer sa détermination à casser les secteurs les plus combatifs, en envoyant son fils Aymeric en personne diriger l’entreprise en Île-de-France, où la CGT est la plus influente. L’ambiance s’est dégradée, plusieurs personnes craquent suite aux pressions, et cette ambiance n’est sans doute pas étrangère aux suicides, dont un à Marignane, parmi ses salariés.