Un rapport commandé par Marisol Touraine, ministre de la Santé, et Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, envisage de généraliser à l’ensemble de l’hôpital public ce qui avait été fait en mai dernier par l’hôpital Ambroise-Paré, dans les Hauts-de-Seine. Neuf chambres y avaient été « privatisées » pendant six jours, spécialement meublées, dotées de douches supplémentaires et d’équipements de confort et de luxe, pour accueillir un riche Saoudien et sa suite.

En effet, dit ce rapport, les riches « sont des gens particulièrement fragiles, ils ont besoin d’être accueillis directement à l’aéroport ». Pour l’instant, l’hôpital public n’offre à ces patients que des conditions d’accueil « le plus souvent spartiates », dans des locaux parfois prestigieux mais vétustes. Il serait donc prévu de créer des structures particulières, susceptibles de les accueillir dans des conditions de confort équivalant à celles des grands hôtels internationaux, avec des services particuliers, du personnel parlant au moins anglais, et une cuisine adaptée à leur origine.

Pour pouvoir se vendre, sur ce marché en expansion de l’hospitalisation de luxe, le rapport préconise que les équipes médicales puissent être autorisées à faire de la publicité, à créer une filiale commerciale et, pourquoi pas, une marque. Tout cela sous prétexte de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’hôpital public et bien sûr, prétend le rapport, de créer des emplois.

On pourrait donc voir demain, dans un certain nombre d’hôpitaux publics, des services réservés, luxueux, suréquipés, ayant un personnel spécifique… quelques étages au-dessus des Urgences surchargées de travail et manquant de lits. Faudra-t-il alors embaucher des vigiles pour empêcher les patients bas de gamme de grimper les étages pour exiger des comptes ?