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CAF de la Gironde : accueil au rabais
Au siège de la Caisse d’allocations familiales de Gironde à Bordeaux, sous prétexte de désengorger l’accueil, la direction, suivant les directives nationales, a décidé de n’accueillir désormais les allocataires que sur rendez-vous pris au préalable par téléphone ou par Internet.
Dans le hall d’entrée de la CAF, en préaccueil, des agents embauchés en contrat à durée déterminée pour cinq mois et 29 jours (à partir de six mois, ils devraient être embauchés en CDI) sont chargés de refouler ceux qui tenteraient de se présenter directement. On peut imaginer la réaction des allocataires priés de retourner chez eux, alors qu’ils ont parfois un besoin urgent d’une aide.
Il y a quelques semaines, l’accueil du siège de la CAF de la Gironde recevait 800 personnes quotidiennement, avec des pointes certaines journées jusqu’à 1 300. Parfois des assurés s’énervaient, lassés d’attendre leur tour pendant des heures. Une employée avait même été agressée, il y a quelques mois, par une personne excédée. Cela avait provoqué un mouvement des employés pendant plusieurs jours contre la dégradation de leurs conditions de travail.
Avec l’accueil par rendez-vous, le siège de la CAF Gironde ne reçoit plus que 250 personnes par jour au lieu de 800. Il n’y a plus d’attente à l’accueil, mais les 550 personnes qui, auparavant, auraient pu espérer leur tour attendent chez elles, exclusivement après avoir pris rendez-vous, au moins pendant 48 heures. Le temps prévu pour débrouiller le cas de chaque allocataire accueilli est d’un quart d’heure. À la moindre difficulté, il s’ensuivra fatalement un embouteillage. La direction a parfaitement conscience que cette durée n’est pas suffisante et a prévu un agent régulateur pour prendre en charge un éventuel impatient. Mais elle veut que cette intervention reste discrète, pour ne pas encourager les réactions intempestives.
D’ici fin 2015, ce dispositif va être étendu à d’autres lieux d’accueil en Gironde. Par exemple, le site du centre-ville de Bordeaux pouvait recevoir 250 personnes, parfois 350 ou plus. Dans quelques semaines, sa capacité d’accueil ne sera plus que d’une cinquantaine d’allocataires par jour.
Laurence Rossignol, la secrétaire d’État en charge de la Famille, a été reçue récemment par un comité composé seulement d’agents de direction, de cadres et de très peu d’employés, sans que le personnel en soit prévenu. Elle a interrogé quelques allocataires sur la qualité du nouvel accueil : tous étaient contents. Le contraire aurait été étonnant, puisque le principe est de ne recevoir que ceux dont on peut s’occuper. Les autres, s’ils sont mécontents, le sont chez eux.
Les organisations syndicales ont dû faire le forcing pour exprimer à la secrétaire d’État leur sentiment sur la misère grandissante de la CAF. La situation n’est pas près de s’améliorer. Au lieu d’embauches, une nouvelle réduction d’effectifs d’une quarantaine de postes est prévue.