Les politiciens français et Syriza : Ah, que la victoire est jolie...28/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2426.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les politiciens français et Syriza : Ah, que la victoire est jolie...

La classe politique française a abondamment commenté la victoire de Syriza en Grèce. Jean-Luc Mélenchon, membre du même groupe que les élus de Syriza au Parlement européen, y a vu l'annonce de sa propre victoire. Il est certain que, si Syriza est loin d'avoir fait la preuve qu'il pouvait changer le sort des travailleurs, il a au moins démontré qu'il pouvait gagner leurs suffrages.

Argument fort convaincant pour Mélenchon, les dirigeants du PCF, une partie des écologistes, voire des franges du PS, à la recherche d'une coalition à la gauche du PS, en vue de le remplacer aux affaires. Leur programme politique, à l'égal de celui de Syriza, consiste à demander aux capitalistes de bien vouloir desserrer le noeud coulant qui étrangle les populations, tout en leur garantissant qu'on ne touchera ni au système capitaliste, ni à la propriété privée. Leurs applaudissements à la victoire de Syriza, l'outrance habituelle de Mélenchon, sont donc logiques.

Il est savoureux, en revanche, d'entendre Hollande appeler à poursuivre avec la Grèce la lutte contre l'austérité. Bruno Le Roux, le chef de file des députés PS, va même jusqu'à se féliciter de ce vote Syriza « pour sortir de la politique d'austérité » et Cambadélis, secrétaire du PS, salue « une victoire de la gauche ». Comme si Hollande et les siens n'étaient pas eux-mêmes en ce moment les principaux organisateurs de l'austérité et des coups portés aux travailleurs, comme s'ils n'avaient pas eux-mêmes participé à l'étranglement contre lequel ont voté les travailleurs grecs.

Certains de leurs compères de droite, UMP ou autres, félicitent quant à eux les électeurs grecs pour leur volonté de sortir du carcan « imposé par Bruxelles », de l'austérité excessive, etc. Il y a trois ans, alors au gouvernement, les mêmes étaient prêts à étrangler la Grèce pour que la Société générale, la BNP et le Crédit agricole rentrent dans leurs sous.

C'est son score de 36 % qui vaut à Syriza les bravos de Le Pen, fille et père. Au cas où, en France, quelque chose de ce genre se produirait, les démagogues ne veulent pas voir la bonne soupe et les électeurs leur filer sous le nez.

Ainsi chacun, de l'extrême gauche à l'extrême droite de l'arc politique bourgeois, tresse des couronnes à Syriza... pour pouvoir les poser sur sa propre tête. Cela ne caractérise pas seulement des politiciens français moutonniers et ridicules, effrayés par un déplacement de voix, eux qui font profession de tromper les électeurs. Cela montre aussi, malheureusement, que Syriza ne menace en rien l'ordre établi.

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