Grève de SOS médecins : Un système de santé bien malade28/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2426.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grève de SOS médecins : Un système de santé bien malade

L'association de médecins libéraux SOS médecins s'est mise en grève pour protester contre la politique du gouvernement, qui menaçait de supprimer les interventions de médecins de ville la nuit.

En fait, le système de garde de nuit se dégrade depuis des décennies, à cause de la baisse du nombre de médecins. Jusqu'en 2002, les gardes étaient obligatoires, mais devenaient trop lourdes pour des médecins déjà débordés par leur travail de jour. Depuis cette date, elles se font donc au volontariat et sont rémunérées par un forfait d'astreinte et une augmentation du prix de la visite, pour inciter les médecins à se porter volontaires (50 euros entre 20 h et minuit et 100 euros entre minuit et 8 h).

Ce système n'a pas enrayé la dégradation de la situation et la nuit devient bien souvent une sorte de désert médical. Un rapport du conseil de l'Ordre des médecins de janvier 2014 constate que 61 % des territoires ne sont pas couverts entre minuit et 6 heures du matin. Là où il y a encore des médecins, leurs tarifs deviennent prohibitifs : 82,50 euros pour une simple visite.

Bien souvent, les médecins qui travaillent la nuit le font dans le cadre d'associations du type de SOS médecins. Or les Agences régionales de santé de Lorraine et du Nord-Pas-de-Calais, pour faire des économies, viennent de supprimer la rémunération de l'astreinte de 100 euros pour la période entre minuit et 6 h, et les responsables de SOS médecins craignaient que cette mesure soit étendue à d'autres départements. Cela aurait représenté un manque à gagner pour SOS médecins, mais également une nouvelle dégradation de l'accès aux soins. Car, si les médecins sont moins payés, ils seront encore moins nombreux à accepter de travailler la nuit.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé que cette mesure ne serait pas généralisée. Mais il n'en reste pas moins que la médecine de ville de nuit est déjà réservée à certaines zones urbaines et à ceux qui en ont les moyens. Pour les autres, il ne reste que les services d'urgences, parfois inadaptés et souvent saturés. Tel est le résultat de la politique d'économies dans le domaine de la santé de ces quarante dernières années.

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