Dette de la Grèce : Aux capitalistes et aux banquiers européens de payer28/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2426.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Dette de la Grèce : Aux capitalistes et aux banquiers européens de payer

Après la victoire électorale d'Alexis Tsipras et son parti Syriza, se pose la question de l'avenir de la dette grecque. Celle-ci atteint 320 milliards d'euros, soit 177 % du PIB de ce petit pays qui doit consacrer plus du quart de son budget au remboursement des seuls intérêts, une situation de plus en plus insoutenable.

Si certains économistes et dirigeants politiques répètent en boucle, comme Christine Lagarde, directrice du FMI, « qu'il n'est pas question d'annuler la dette de la Grèce », les plus conscients envisagent désormais de discuter de son échelonnement.

Pour autant, même s'ils finissent par accepter de « restructurer » la dette de la Grèce plutôt que de provoquer sa faillite, les créanciers européens en profitent pour faire une campagne de propagande. Le peuple grec est sommé « d'assumer ses obligations » et de « payer ses erreurs du passé ». À entendre dirigeants européens et financiers internationaux, annuler tout ou partie de la dette grecque serait « injuste » vis-à-vis des autres peuples qui se saignent pour rembourser la dette de leur pays. Un prétendu « spécialiste » de France 2 a expliqué que l'annulation de la dette grecque coûterait « 600 euros à chacun des Français, qui devront payer à la place des Grecs » !

Tout est mensonger et grossier dans cette propagande.

Comme si, depuis cinq ans, la population grecque n'avait pas déjà payé, par une baisse brutale de son niveau de vie, par les licenciements en masse des fonctionnaires et la désagrégation des services publics, les plans successifs d'austérité imposés par la « troïka », le FMI, la BCE et Union européenne !

Et puis à qui la dette publique grecque a-t-elle profité ? Aux grandes banques françaises ou allemandes, Crédit agricole, BNP ou Deutsche Bank, qui ont prêté des milliards à des taux de 9 ou 10 %, et jusqu'à 20 %. Puis, lorsque ces prêts sont devenus trop risqués pour les banquiers car la Grèce ne pouvait visiblement plus les rembourser, ce sont les États qui ont volé au secours des banques et qui ont racheté au prix fort ces titres de crédits. Aujourd'hui, ce sont les principaux États européens et la BCE qui détiennent l'essentiel de la dette grecque.

Si l'État français en détient à ce jour quelque 40 milliards d'euros, il les a acquis pour sauver la mise des grandes banques françaises et de leurs actionnaires.

Depuis la mise en place du « Mécanisme européen de stabilité », les pays plus riches de la zone euro empruntent sur les marchés financiers à des taux bas, autour de 1 % et parfois moins encore, pour prêter ensuite à la Grèce à des taux nettement plus élevés : 3 à 4 %. C'est dire que les prêts des pays européens à la Grèce sont tout sauf des cadeaux. Chaque année l'État français empoche ainsi 80 millions d'euros. Et c'est encore la population grecque qui paie la différence.

Quant à l'argent prêté à la Grèce, il est revenu sous forme de commandes aux industriels des pays prêteurs, en particulier de commandes d'armements. La Grèce est le troisième client de l'industrie militaire française.

Alors cette dette n'est en rien la dette de la population grecque. Ce n'est pas à la population, ni en Grèce, ni en France, de la payer !

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