Air France : Suppressions d'emplois à tour de bras28/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2426.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : Suppressions d'emplois à tour de bras

Après avoir, un classique patronal, fait fuiter dans les médias le chiffre de 5 000 emplois à supprimer, la direction d'Air France n'en annonce « que » 800. De la sorte, elle veut donner l'impression au personnel que le pire a été évité, et que la seule attitude à avoir est d'accepter ses attaques en faisant le dos rond.

Comme il se trouve des directions syndicales pour accompagner à leur façon la rengaine du patron, celui-ci a pu, depuis une dizaine d'années, multiplier ses prétendus « plans de départs volontaires » (PDV) sans craindre que les syndicats appellent le personnel à réagir tous ensemble.

Et la direction en profite. Ainsi, son dernier PDV Transform 2015 - qui lui a permis de supprimer 8 000 emplois - n'est pas achevé qu'elle en sort un autre de sa manche, Perform 2020.

À l'en croire, ce nouveau PDV concerne 500 travailleurs au sol et 300 PNC (hôtesses et stewards). Autre vieille ficelle patronale, il s'agit de persuader les salariés des autres catégories professionnelles qu'ils n'ont pas d'inquiétude à avoir. Pourtant, la direction n'épargnera personne.

D'abord parce que, comme à chaque fois, elle va prendre une série de mesures d'accompagnement, qu'on connaîtra courant février, qui vont peser sur les conditions de travail et de rémunération de tout le personnel.

Et, même à ne considérer que ce qui a déjà été annoncé, ces 800 « départs volontaires » cachent bien plus de suppressions d'emplois. En effet, chaque année, 1 000 départs en retraite ne seront pas remplacés dans le groupe (Air France, Hop ! et la filiale low cost Transavia). Sur cinq ans, ce sont 5 800 emplois que la direction veut faire disparaître. Cela aura pour résultat que la charge de travail, devenue déjà si insupportable que bien des travailleurs d'un certain âge se demandent ouvertement s'ils pourront profiter du PDV pour y échapper, augmentera partout et pour tous. Et plus qu'il n'y paraît à première vue.

En effet le transport aérien est en pleine progression. Ainsi, le nombre de passagers d'Air France a bondi de 60,6 millions à 77,3 millions entre 2004 et 2013. Cette progression du trafic, de plus d'un quart en dix ans, se traduit évidemment par une augmentation du volume des opérations à effectuer : enregistrement, embarquement, débarquement des passagers et de leurs bagages, entretien des avions, etc. Or, dans le même temps, la compagnie a réduit ses effectifs d'un emploi sur six.

Avec Transform 2015, il y a eu des salaires bloqués durant trois ans, des jours de travail en plus, 8 000 emplois en moins, une dégradation des conditions de travail. Et cela risque d'empirer quand la direction dit vouloir faire deux milliards d'économies supplémentaires.

Car, on le constate depuis plus de dix ans, c'est aux dépens du personnel qu'Air France, comme n'importe quel patron, entend augmenter ses profits. Et la répétition même de ces PDV indique clairement que la direction n'a aucune intention de s'arrêter sur cette voie.

En tout cas, pas tant que les salariés de la compagnie n'y auront pas collectivement mis le holà. Et le plus tôt sera le mieux.

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