Non à l'union nationale, oui à l'unité des travailleurs21/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2425.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Non à l'union nationale, oui à l'unité des travailleurs

Ovationné tant par la droite que par la gauche, Valls a donné le ton en déclarant solennellement devant l'Assemblée nationale : « La France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l'islamisme radical. » Après avoir exploité l'émotion suscitée par les attentats, la classe politique veut créer un climat de guerre.

Non seulement les interventions militaires de la France au Mali, en Centrafrique et en Irak seraient justifiées, mais il faudrait les intensifier et les étendre peut-être à la Libye ! Il serait non seulement nécessaire de mener la guerre à l'extérieur, mais il faudrait aussi la mener à l'intérieur, en renforçant les mesures policières et judiciaires ! Quand les terroristes veulent imposer leur loi par les armes et la terreur, les dirigeants dits démocratiques imposent la leur en attisant les peurs et en étouffant la critique au nom de l'union sacrée.

Eh bien, non ! Il faut combattre la politique du gouvernement et lutter contre celle des terroristes.

Les terroristes sont des apprentis dictateurs. Ils utilisent les divisions religieuses pour monter une fraction de la population contre une autre. Ils se moquent de faire partager de prétendues convictions, ils cherchent à imposer leur pouvoir par la terreur, d'abord et avant tout sur ce qu'ils appellent leur communauté.

Les médias ont relayé les manifestations anti-Charlie au Pakistan, au Niger, en Turquie ou en Algérie, confortant l'idée d'un « monde musulman » en guerre contre la France. Mais il n'y a pas « un » monde musulman. Ni l'Algérie, ni la Turquie, ni le Niger ne se résument aux quelques milliers de fanatiques qui ont défilé.

Au Pakistan, en Irak ou au Nigeria, les victimes des groupes islamistes sont musulmanes autant que chrétiennes. Ce sont des paysans, des artisans, des travailleurs pauvres, des femmes soumises à une oppression féroce et réduites à l'esclavage. Ces djihadistes sont aussi corrompus et avides que ceux qu'ils prétendent remplacer. Il ne s'agit pas d'un « choc des civilisations », mais d'une lutte pour prendre le pouvoir et l'exercer contre la population et les travailleurs.

Alors, contre eux comme contre les racistes qui attisent les divisions, les travailleurs doivent reconnaître une seule et unique communauté, celle des travailleurs et des opprimés de tous les pays.

Il faut combattre et les terroristes et la politique des grandes puissances qui les enfante.

« Il faut bombarder l'Irak et la Syrie pour éradiquer le terrorisme », nous dit-on. C'était le même discours pour l'Afghanistan. Mais treize ans de guerre n'ont pas fait disparaître les talibans. En Irak, c'est même la guerre menée contre le « terroriste » Saddam Hussein qui a fait naître et prospérer les bandes djihadistes.

Les pays riches sont responsables du chaos au Moyen-Orient et en Afrique. Ils sont responsables du pillage, de la misère et des divisions qui y règnent. Pour imposer leur domination, ils n'ont jamais hésité à s'appuyer sur les pires régimes, que ce soit les dictatures moyenâgeuses, comme l'Arabie saoudite, ou l'État d'Israël, qui se fait le gendarme des intérêts des grandes puissances occidentales dans la région.

Non aux guerres impérialistes de la France et à l'ordre capitaliste qui nourrit le terrorisme !

En France, les appels à l'union nationale sont tout aussi pervers. Tous nous parlent d'unité nationale, mais les réflexions racistes, les attaques contre des mosquées et des musulmans se multiplient. Le rejet des immigrés et des Français issus de l'immigration s'exprime de plus en plus ouvertement sans qu'il y ait de levée de boucliers. Et quand Sarkozy et Le Pen expliquent que l'immigration et l'islam posent problème, ils encouragent les racistes.

Le gouvernement s'inquiète qu'il y ait dans les quartiers défavorisés une minorité de jeunes qui ne « comprennent » pas les valeurs de la République. Mais, dès leur plus jeune âge, ces jeunes sont victimes de l'inégalité, de l'injustice et du rejet. Quand ils ne sont pas marginalisés par l'échec scolaire, ils sont rejetés quand ils cherchent un emploi ou un logement. Et ce n'est pas en construisant des prisons, en renforçant l'armée et la police, qu'ils auront plus de perspectives.

L'exclusion, le communautarisme et la barbarie naissent d'un ordre social injuste qui se nourrit des inégalités et de l'exploitation et livre au chômage et à la misère une grande partie de la population.

Au-delà des différences d'origine, de nationalité et de religion, il est vital que les travailleurs aient conscience de former une classe unie. Car seule leur lutte pourra débarrasser la société du carcan capitaliste et apporter un début de réalité aux aspirations de liberté, d'égalité et de fraternité.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 28 janvier

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