- Accueil
- Lutte ouvrière n°2425
- Migrants de Calais : Victimes des violences policières
Leur société
Migrants de Calais : Victimes des violences policières
En plus d'être réduits à vivre dans des squats ou des tentes de fortune en plein hiver, avec souvent un seul repas par jour servi par les associations d'aide aux migrants, ces derniers témoignent de plus en plus nombreux de ce qu'HRW appelle « les violences de routine » : tabassages en règle, qui vont jusqu'à briser un bras ou une jambe, visages aspergés de gaz lacrymogène, destruction des abris et même de la nourriture qu'apportent les habitants de la région qui veulent leur venir en aide.
Pris à partie, le préfet Robin rejette d'un revers de main les témoignages, parlant de bagarres entre les nationalités ou de blessures lors de tentatives de montée à bord des camions. Il avance pour preuve l'absence de dépôt de plaintes. Mais les associations racontent comment les rares migrants déterminés à se rendre dans les commissariats, au risque de se retrouver en centre de rétention, voient leurs demandes ignorées, quand ils ne sont pas ensuite victimes de mesures de rétorsion, parfois abandonnés sans chaussures au milieu de nulle part.
Le ministre de l'Intérieur socialiste Bernard Cazeneuve, conforté dans sa posture de premier flic de France depuis les attentats, a apporté son soutien à la police, critiquant HRW pour ne pas avoir vérifié « ses allégations ». Le centre pour les migrants, dont le ministre avait promis l'ouverture le 24 décembre, se résume aujourd'hui à trois tentes sur un parking, un préau et quelques toilettes portatives. Et la préfecture continue de n'ouvrir la nuit un bâtiment chauffé que quand les températures deviennent négatives.
Ces violences policières ne sont pas nouvelles. Elles étaient déjà dénoncées lorsqu'existait le centre de la Croix-Rouge de Sangatte. Elles s'étaient aggravées après sa fermeture par Sarkozy en 2002, afin de disperser et de décourager les migrants de revenir, jusqu'à la destruction en 2009 de « la jungle ». Les protestations et les rapports, qui avaient conduit le défenseur des droits Dominique Baudis à demander en 2008 de « mettre fin à ces abus », avaient seulement rendu les exactions moins ouvertes. Aujourd'hui, les migrants racontent qu'ils ont été agressés alors qu'ils marchaient simplement le long de la route ou profitaient du soleil.
L'attitude de la police, ou de certains policiers, à l'égard des migrants est révoltante. Mais c'est d'abord leur situation elle-même qui l'est. Le gouvernement français, toujours prêt à se proclamer défenseur des droits et de la démocratie, laisse croupir dans des conditions honteuses des hommes qui bien souvent sont les victimes de sa propre politique, et qu'en tout cas la moindre des choses serait d'accueillir avec humanité.