Lycée Camille-Jullian -- Marseille : « Mourir devant un lycée, c'est insupportable »21/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2425.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Enseignement

Lycée Camille-Jullian -- Marseille : « Mourir devant un lycée, c'est insupportable »

C'est le cri d'un parent devant le lycée professionnel Camille-Jullian, situé dans le 11e arrondissement de Marseille, au lendemain de la mort le 12 janvier de Mickaël. Ce lycéen de 16 ans a été tué de plusieurs coups de couteau par deux autres jeunes, âgés de 17 et 18 ans, qui l'attendaient à la sortie des cours. Ils agissaient à l'instigation d'une élève de la même classe que Mickaël, âgée de 17 ans elle aussi, avec qui il avait eu une altercation dans l'après-midi.

Ce crime a bouleversé l'ensemble des élèves et du personnel, ainsi que les habitants du quartier qui sont venus déposer un mot ou une fleur devant le lycée. Le rectorat a dépêché immédiatement des psychologues et des chargés de communication de l'Équipe mobile académique de sécurité. Il s'agissait de prendre en charge les élèves et les adultes choqués, mais aussi d'éviter toute communication avec l'extérieur, principalement avec les journalistes. Des enseignants souhaitant exprimer leur colère face à la violence sociale que révèlent de tels actes ont été remis en place : il fallait être peinés et aider les élèves à traverser cette épreuve.

Trois jours après le drame, le recteur d'Aix-Marseille rencontrait le personnel de l'établissement à l'occasion de la cérémonie d'hommage du lycée à Mickaël. Face aux difficultés croissantes exposées par les enseignants, il avait une proposition : organiser une semaine d'accueil et d'intégration des élèves à la rentrée prochaine. Cela a d'autant plus choqué que cette semaine d'intégration est déjà organisée depuis des années dans ce lycée. Et surtout, c'est bien loin d'être à la hauteur des problèmes rencontrés au quotidien par les personnels dans les quartiers difficiles. Cela lui a été vertement rappelé, comme il lui a été rappelé qu'en décembre 2014 beaucoup avaient fait grève pour le maintien du lycée dans le dispositif d'éducation prioritaire. Il lui a été rappelé également que les écoles maternelles et primaires du secteur étaient actuellement mobilisées pour le même motif.

En effet, mardi 13 janvier, parents et enseignants des groupes scolaires d'Air-Bel et de la Rouguière, situés dans le même secteur que le lycée Camille-Jullian, manifestaient dans le centre de Marseille, aux côtés d'autres écoles. Toutes situées dans des quartiers populaires, qui concentrent toutes les difficultés sociales, elles ont pourtant été écartées de la nouvelle carte des réseaux d'éducation prioritaire ! Devant l'inertie du rectorat, les parents ont cadenassé des écoles toute la semaine, empêchant les enfants d'entrer ou séquestrant les instituteurs comme à Air-Bel. Mardi 20 janvier, date de la validation finale de la nouvelle carte de l'éducation prioritaire, ils manifestaient à Aix et entendaient bien être reçus par le recteur d'Aix-Marseille.

La veille, près de 80 parents et instituteurs de la cité Air-Bel s'étaient réunis dans l'école pour préparer cette journée d'action et discuter de la suite de leur mouvement, d'autant plus conscients de la légitimité de leur demande qu'un des jeunes arrêtés pour le meurtre du lycéen habite la cité. Dans cette cité de 1 200 logements, désertée depuis longtemps par les services publics et les commerces, où le chômage atteint 40 %, « l'école reste le dernier rempart », comme l'exprimait une mère d'élève.

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