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- Lutte ouvrière n°2425
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Dans les entreprises
Itron, Chasseneuil du Poitou : La direction engrange des commandes... et licencie
L'usine Itron, située sur la commune de Chasseneuil-du-Poitou, près de Poitiers, appartenant à la multinationale nord-américaine du même nom, fabrique des systèmes de comptage électrique. En septembre 2014, ayant obtenu la commande d'ERDF pour la production d'au moins 1,2 million de nouveaux compteurs électriques Linky (développés sur le site poitevin), la direction laissait courir des promesses d'embauches. Las, mi-janvier, le groupe vient d'annoncer la suppression de 124 postes, qui touchera entre autres 75 % des techniciens et ingénieurs, sur un effectif de 277. La fabrication d'une partie de ces nouveaux compteurs a, quant à elle, déjà débuté en Hongrie. À terme, toute l'usine est menacée.
La direction argue, pour justifier le plan de licenciements, d'une érosion des revenus mondiaux de la branche électricité, l'entreprise intervenant également dans les secteurs de l'eau et du gaz. Cette multinationale est pourtant loin d'être sur la paille et affiche, pour les seuls neufs premiers mois de 2014, 27 millions de dollars de profits et une augmentation de sa trésorerie de 400 % en un an, soit 84 millions.
Les actionnaires font payer leur rapacité aux travailleurs de Chasseneuil-du-Poitou. Interrogé par une journaliste de France 3, le directeur du site n'en a pas moins annoncé un avenir radieux jusqu'en 2021, avec la perspective de remporter d'autres contrats sur un marché potentiel de plus de 30 millions de compteurs électriques à fabriquer.
Les responsables politiques locaux expriment pour certains leur désarroi dans les médias, ou bien, telle une députée PS, qualifient cette situation d'indécente, en soulignant que l'argent public a arrosé ces patrons. Faisant mine de découvrir l'immoralité du capitalisme, une responsable socialiste en conclut même : « Pourquoi licencier, alors ? Parce qu'à coup sûr il faut faire des profits. »
Mais les salariés d'Itron en sont à leur cinquième plan « social » depuis 1998, à chaque fois pour pérenniser les activités, d'après les patrons, autant dire pérenniser leurs profits en sacrifiant l'emploi. Depuis septembre 2014, les effectifs sont passés, sans grand bruit, de 330 à 277 actuellement. Les travailleurs n'ont aucune raison d'accorder quelque crédit que ce soit aux arguments de la direction, dont l'horizon se limite aux profits des actionnaires, quitte à sacrifier l'avenir de familles entières.