Dieudonné : Fausse victime, vrai antisémite21/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2425.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dieudonné : Fausse victime, vrai antisémite

Dieudonné a fait l'objet d'une garde à vue et sera jugé pour apologie du terrorisme. Les propriétaires de salles de spectacle qui lui avaient ouvert leurs portes pour son nouveau spectacle, « La bête immonde », ont vainement tenté de dénoncer ses contrats. Du coup, Dieudonné tente de se faire passer pour une victime, et se fait ainsi une publicité à bon compte.

La réalité est que Dieudonné n'est pas du côté des victimes, mais plutôt de celui des bourreaux. Au soir de la manifestation du 11 janvier, il avait posté sur sa page Facebook un message : « Je me sens Charlie Coulibaly. » Amedy Coulibaly a tué un employé et trois clients juifs d'un supermarché casher à la porte de Vincennes, ainsi qu'une policière municipale antillaise. Cette sordide réaction de Dieudonné aux attentats signalait sa sympathie pour un tueur de juifs, fût-ce sous couvert d'un trait d'humour douteux.

Samedi 17 janvier, lors de son spectacle à Metz, Dieudonné a fait mine de tirer sur son public à l'aide d'une arme factice en disant : « Si, dans le lot, j'ai dégommé un journaliste, juif de surcroît, ils rouvrent le procès de Nuremberg », allusion aux procès qui eurent lieu après la Deuxième Guerre mondiale pour juger les crimes des dignitaires nazis. Et Dieudonné d'enchaîner par une blague sur Ilan Halimi, un jeune juif torturé à mort en 2006, avant de multiplier dans ses sketches les références aux juifs.

Il fut une époque où Dieudonné était vraiment drôle. Dans les années 1990, avec son comparse Elie Semoun, il moquait les préjugés racistes et antisémites. Depuis, il a dérivé, est devenu un antisémite patenté et obsessionnel. En 2008, il a ainsi choisi Jean-Marie Le Pen comme parrain de sa fille et fait monter sur la scène d'un de ses spectacles Robert Faurisson, négationniste, qui nie l'existence des chambres à gaz pendant la Deuxième Guerre mondiale. « Entre les juifs et les nazis, je suis neutre dans cette histoire », explique Dieudonné. C'est sans doute ce qu'il appelle de l'humour.

Aux européennes de 2009, Dieudonné a présenté en Île-de-France une liste dite « antisioniste », mais composée de différents militants d'extrême droite. En novembre 2014, il a annoncé avec Alain Soral, un ancien du Front national, la fondation du parti d'extrême droite Réconciliation nationale. Dans une vidéo douteuse, tous deux expliquent que le Front national « est rentré dans le système, après l'éviction de Jean-Marie Le Pen ».

Comme le racisme, l'antisémitisme est un vieux fonds de commerce de l'extrême droite. Sous couvert d'être « contre le système », il le conforte. En faisant des juifs des boucs émissaires, il exonère le capitalisme, veut dresser des travailleurs contre d'autres travailleurs et distille un poison mortel. C'est à cette triste tradition que se rattache Dieudonné.

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