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Comment l'impérialisme américain a protégé des nazis
On savait depuis longtemps que les États-Unis ont employé après-guerre d'anciens nazis pour en faire des espions, dirigés contre l'URSS pendant les décennies de la guerre froide. La disparition au fil du temps de cette génération et l'ouverture correspondante des archives permet aujourd'hui aux historiens de découvrir les détails de cette politique. Ainsi un livre de l'historien américain Eric Lichtblau intitulé Les voisins nazis : comment les États-Unis sont devenus un refuge pour les hommes d'Hitler montre comment le FBI et la CIA ont payé et protégé plusieurs milliers d'anciens nazis avec lesquels les dirigeants américains partageaient l'anticommunisme, voire l'antisémitisme.
Cette politique a été initiée par Allen Dulles, futur directeur de la CIA, qui a rencontré à cet effet en Suisse en 1945, avant même la fin de la guerre, le général SS Wolff, chef d'état-major de Himmler, en qui il voyait un nazi « modéré ». Le général Patton, qui a commandé les troupes d'occupation en Allemagne après la reddition des nazis, écrivait alors dans son journal intime que les juifs sont « pires que des humains » et qu'« ils n'ont pas de respect pour la dignité humaine ».
En conséquence, des nazis ont été relogés avec discrétion aux USA avec leur famille, à l'époque maccarthyste. Les Américains soupçonnés de communisme, eux, étaient alors traqués, perdaient leur travail et leur logement, et même pour certains la liberté et la vie, comme les époux Rosenberg, des scientifiques exécutés pour espionnage au profit de l'URSS en 1953.
La CIA a rémunéré un officier SS, Otto von Bolschwing, bras droit d'Adolf Eichmann qui avait dirigé le génocide de millions de juifs. Il fut relogé incognito à New York et protégé des agents d'Israël, au moment où ces derniers capturaient en Argentine son compère Eichmann, avant de le juger et de l'exécuter en 1962 à Jérusalem.
Jusqu'en 1994, la CIA a essayé de bloquer la mise en cause d'un autre nazi protégé pendant quarante ans, Aleksandras Lileikis, dont le dossier mentionnait qu'avec la Gestapo il avait participé à l'exécution à la mitrailleuse de 60 000 juifs de Lituanie.
Aujourd'hui, tout voyageur se rendant aux USA doit encore remplir un formulaire afin de déclarer le cas échéant s'il a, entre 1933 et 1945, « été d'une façon ou d'une autre impliqué dans des persécutions en rapport avec l'Allemagne nazie ou ses alliés ». C'est non seulement ridicule, c'est aussi un écoeurant mensonge de la part des autorités du prétendu « pays de la liberté ».