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Dans les entreprises
Antonutti-Delmas, Bezons : La grève continue
À défaut de pouvoir sauver leur emploi, ils veulent obliger leur patron à respecter un accord du 8 décembre dernier dans lequel il s'engageait à donner 35 000 euros net et 1 000 euros net par année d'ancienneté à chaque licencié, accord qu'il prétend renier aujourd'hui.
D'emblée les grévistes sont allés à près d'une quarantaine s'installer devant les entrées de l'usine PSA de Poissy, leur donneur d'ordres, pour lequel certains travaillent depuis quinze ans et plus. Chaque jour, en variant simplement l'heure de leur arrivée, ils renouvellent l'opération jusqu'à ce que la police les déloge. Ils filtrent les camions et sont arrivés ainsi à freiner suffisamment l'approvisionnement de l'usine pour faire perdre 560 voitures à la direction entre le 14 et le 19 janvier, samedi et dimanche compris, car la direction, en cette période de l'année, programme des heures supplémentaires à gogo.
L'accueil des salariés de l'usine est plein de sympathie, malgré les menaces d'heures supplémentaires pour rattraper les voitures perdues. Les grévistes font la même opération devant d'autres sous-traitants dont ils transportaient les pièces, Geodis, Lear ou MC Syncro.
Plus surprenant, les rapports avec la police, au moins les policiers de base, sont aussi pleins de compréhension. Il faut dire que les grévistes ont commencé par alimenter en café chaud les policiers placés en faction en attendant l'ordre d'évacuation donné par la Préfecture... et de fil en aiguille, les heures passées à côté les uns des autres aidant, les policiers se sont intéressés au combat des chauffeurs.
Ceux-ci leur ont tout raconté : le patron faisant circuler l'argent d'une société à une autre pour le planquer finalement au Luxembourg ; l'administrateur judiciaire qui est le même depuis des années pour plusieurs de ses sociétés, notamment d'Antonutti qu'il veut liquider aujourd'hui... et celle avec laquelle il prétend en racheter des morceaux. Ainsi, c'est la même personne qui fixe le prix de l'une à racheter par l'autre. Ou alors cette incroyable histoire : le patron a fait racheter sa maison de famille, en Provence, par une société de transport basée à Argenteuil... et pourtant en difficulté. « Ce qui est dommage, c'est qu'on ne nous envoie jamais arrêter des patrons dans ce genre », a commenté un policier.
Les grévistes ont aussi vu défiler le chef de cabinet du préfet des Yvelines, le sous-préfet de Saint-Germain-en-Laye... mais n'ont récolté que des assignations en justice, pour le syndicat CGT, l'avocat du comité d'entreprise, un militant de l'entreprise et Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de PSA Poissy. Mais leur détermination est intacte. Elle finira par payer.