Loi Macron : Non aux semaines à rallonge !14/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2424.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi Macron : Non aux semaines à rallonge !

Parmi les mesures antiouvrières du projet de loi du ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, discuté ces jours-ci à l'Assemblée, figure l'augmentation du nombre de dimanches travaillés et, dans certains cas, l'extension du travail en soirée.

Actuellement, les maires peuvent décider d'autoriser les commerces non alimentaires à ouvrir exceptionnellement cinq dimanches par an. Le projet de loi Macron, dans sa version initiale, en fait une obligation pour les maires, et ils pourront décider d'aller jusqu'à douze par an. De plus, à longueur d'année, le travail le dimanche et « en soirée » sera autorisé dans une vingtaine de gares et dans des « zones touristiques internationales » que le projet de loi ne délimite pas.

Le gouvernement se déclare ouvert à la discussion sur le nombre de dimanches et il est question qu'il revienne sur l'obligation faite aux maires. Mais, l'essentiel serait maintenu : les vannes seront ouvertes pour une plus grande flexibilité des horaires de travail. Déjà, dans nombre d'hypermarchés, les travailleurs sont passés de trois à cinq dimanches travaillés : quatre en décembre et le premier dimanche des soldes.

Le projet de loi Macron réaffirme, il est vrai, le principe du « volontariat ». Comme si les pressions n'existaient pas pour faire accepter de venir travailler le dimanche ! Or, dans une grande surface, celui qui refuse a toutes les chances de se faire mal voir par son manager, et parfois aussi par ses collègues qui passeront un dimanche particulièrement pénible au travail si l'équipe, déjà en sous-effectif en semaine, n'est pas au complet. La règle voudrait que la direction demande à chacun de signer un papier notifiant son accord pour être « volontaire », cependant certains managers annoncent aux employés qu'ils viendront dimanche, un point c'est tout. Il faut que l'employé qui refuse se mette en avant, éventuellement avec l'aide d'un militant syndical, pour obtenir son repos.

Quant aux « volontaires » pour travailler le dimanche, ce n'est pas par goût, mais parce qu'ils ne voient pas d'autre façon d'obtenir une augmentation de salaire. Les suppléments pour travail du dimanche sont variables : salaire triple, au choix jour de récupération ou salaire double, voire nettement moins. C'est le cas des supérettes Carrefour Market qui, en tant que commerce alimentaire, s'autorisent à ouvrir chaque dimanche. Leur convention d'entreprise prévoit une simple majoration de 20 % du salaire horaire. Si le travail du dimanche se banalise, les majorations tendront à disparaître.

Ceux qui, actuellement, acceptent de travailler le dimanche dans les hypermarchés sont inquiets d'une augmentation du nombre de dimanches autorisés. Ils se rendent compte que leur temps libre se réduira à peau de chagrin et craignent une remise en cause de leur majoration de salaire. Leur crainte est d'autant plus fondée que le projet de loi prévoit le principe d'une majoration pour travail le dimanche, sans en préciser le montant, renvoyé à des négociations de branches, d'entreprises ou de territoires, dans lesquelles les dirigeants des grandes surfaces seront en situation de dicter leurs volontés.

Le projet Macron pourrait donc mettre de nombreux travailleurs du commerce contre lui. C'est ce qui est à souhaiter.

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