Janvier 1975-2015 : Le droit à l'avortement est toujours à défendre14/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2424.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Janvier 1975-2015 : Le droit à l'avortement est toujours à défendre

Le 17 janvier 1975, la loi permettant aux femmes de mettre fin à une grossesse non désirée était promulguée. Simone Veil, ministre de la Santé d'un gouvernement Chirac sous la présidence de Giscard d'Estaing, avait porté le projet de loi devant la Chambre des députés, où elle avait dû subir les insanités de cette assemblée d'hommes majoritairement phallocrates et misogynes.

Avant cette date, l'avortement tombait encore sous le coup d'une loi datant de 1920, qui punissait d'emprisonnement celles qui avortaient et ceux qui les y aidaient. En réalité, l'hypocrisie régnait en maître puisque chaque année des centaines de milliers de femmes mettaient fin à une grossesse non désirée. Celles qui en avaient les moyens pouvaient le faire dans de bonnes conditions sanitaires. Les autres devaient se débrouiller et, chaque année, plus de 300 femmes mouraient ainsi.

Cette loi ne fut bien évidemment pas un cadeau du gouvernement. Elle fut bel et bien le résultat des luttes des femmes qui n'avaient cessé de s'amplifier, surtout après 1968.

En 1971, il y avait eu ce manifeste de 343 femmes célèbres affirmant avoir avorté et que les tribunaux n'osèrent pas poursuivre. L'année suivante, ce fut le procès de Bobigny, où une jeune femme qui avait avorté et sa mère qui l'avait aidée furent relaxées. Un an plus tard, ce fut le manifeste de 331 médecins déclarant avoir pratiqué des avortements et qui ne furent pas inquiétés. Et puis des associations, tels le Planning familial et le MLAC (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception), installèrent des centres où des médecins pratiquaient des avortements et organisèrent publiquement des voyages vers l'Angleterre et les Pays-Bas, où l'avortement était autorisé. Surtout, toutes ces interventions étaient accompagnées de grandes manifestations, de puissantes mobilisations, et il en fallut bien d'autres pour pérenniser le droit à l'avortement.

Le combat doit continuer. Parce que des centres d'IVG sont fermés et d'autres menacés sous prétexte de rentabilité financière et d'économies sur les services publics. Parce qu'ainsi nombre de femmes ne peuvent obtenir un rendez-vous dans les délais prévus par la loi et se retrouvent dans l'angoisse de ne pouvoir interrompre une grossesse. Parce que les obscurantistes n'ont pas baissé les armes et même que les idées rétrogrades se renforcent, avec cette crise dans laquelle la société s'enlise depuis quarante ans.

À l'occasion du quarantième anniversaire de la loi, le 17 janvier, les associations pour le droit à l'avortement et à la contraception et les associations de lutte pour les droits des femmes, soutenues par de nombreux syndicats et partis politiques, dont Lutte Ouvrière, appellent à une manifestation

Sophie Gargan

Manifestation nationale pour les droits des femmes

Samedi 17 janvier à 14 h 30 Place de la Bastille à Paris

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