Antonutti-Delmas, Bezons : En grève contre un patron voyou14/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2424.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Antonutti-Delmas, Bezons : En grève contre un patron voyou

La CGT Antonutti (transports) appelait les travailleurs à la grève, mercredi 14 janvier, contre un projet de 66 suppressions d'emplois, sur 140 salariés, dont beaucoup de chauffeurs assurant des livraisons de pièces en « juste à temps » pour l'usine PSA de Poissy.

Le 8 décembre, une grève avait paralysé l'usine PSA de Poissy et stoppé net une première attaque du patron d'Antonutti, qui voulait imposer aux chauffeurs une baisse de salaire de 300 à 500 euros par mois pour tout 2015. Par sécurité, les grévistes avaient fait ajouter à l'accord de fin de conflit des garanties en cas de licenciement, et notamment 35 000 euros net minimum et 1 000 euros net par année d'ancienneté.

Les choses se sont depuis précipitées. La société Geodis, dont les chauffeurs Antonutti transportaient les pièces d'Achères à Poissy, a pris prétexte de cette grève pour dénoncer unilatéralement le contrat de transport avec Antonutti. Et depuis, le patron d'Antonutti essaie par tous les moyens de faire porter aux grévistes du 8 décembre la responsabilité des suppressions de postes, et même d'un projet de reprise de la société par une autre lui appartenant, également en redressement judiciaire.

Mais la vérité est tout autre. PSA, le puissant donneur d'ordres final, a supprimé fin décembre une des deux chaînes de montage de l'usine de Poissy. Outre les centaines de suppressions de postes que PSA programme à Poissy, d'autres effets frappent les sous-traitants. PSA demande notamment à Geodis de transférer son activité de préparation de pièces d'Achères à Poissy, dans l'enceinte même de l'usine, pour la rentrée de septembre 2015... ce qui supprimera la navette de camions pour transporter les pièces d'un site à l'autre. La suppression des postes des chauffeurs Antonutti est donc dans les tuyaux depuis bien longtemps.

Des informations concordantes tendent d'ailleurs à prouver que le patron d'Antonutti avait prévenu ses clients d'une dégradation du climat social et d'un conflit possible, qui n'étaient alors que dans sa tête, dès septembre 2014.

Le même patron dirige près de 80 entreprises dont une, qui paraît au sommet, est au chaud au Luxembourg. C'est un multirécidiviste des plans de redressement judiciaire, des liquidations aux frais du contribuable, et des reprises d'entreprises avec plan de licenciements. Il jongle avec ses sociétés, faisant passer l'argent de l'une à l'autre.

Les chauffeurs Antonutti ne cessent de montrer leur combativité et leur détermination. Ils se sont rassemblés à une trentaine pour un comité d'entreprise extraordinaire le 30 décembre, en plein congés.

Ils sont toujours une quinzaine, chauffeurs en attente de travail ou après ou avant la prise de poste, pour toutes leurs autres actions, visites aux collègues des dépôts éloignés, aux ouvriers de Peugeot, de Gefco et de Geodis Achères, et à leurs collègues chauffeurs d'autres entreprises sous-traitantes.

En visite sur le dépôt d'Argenteuil, ils ont eu le plaisir de voir leur patron débarquer, très inquiet, à 6 heures un lundi matin, non pour les menacer mais pour tenter de les amadouer. Le lendemain à l'aube, ils ont trouvé un haut cadre sur un autre dépôt. Mardi 13 janvier à 6 heures du matin, c'est un responsable de Geodis, paraît-il revenu exprès de province, qui est venu les voir devant le site d'Achères... pour leur suggérer d'aller bloquer ailleurs !

La grève lancée mercredi 14 fait suite à un comité d'entreprise orageux et prépare une convocation, vendredi 16 janvier, au tribunal de commerce de Pontoise, où les grévistes veulent être très nombreux.

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