Les associations qui se battent pour venir en aide aux SDF font un constat alarmant. Dans toutes les villes, le 115, le numéro que l'on peut appeler pour obtenir un hébergement d'urgence, est saturé. « Nous ne pouvons décrocher que 10 % des appels », déclarait une travailleuse sociale de Haute-Garonne, « et quand on arrive enfin à nous joindre, dans plus de 90 % des cas, nous n'avons aucune solution à proposer ». Dans tous les départements, la situation est la même, ce qu'avait dénoncé le personnel du 115 en faisant un jour de grève début décembre. Depuis un an, le nombre d'appels non suivis de prise en charge a doublé.

Le nombre de familles, ou de femmes seules avec enfants, est lui aussi en constante augmentation, avec pour conséquence dramatique la mort en 2013 de quinze enfants, contre trois l'année précédente. Dix d'entre eux étaient de familles roms, vivant dans des bidonvilles, ces abris précaires que la police de Valls et Cazeneuve s'acharne à détruire sans proposer de relogement, contrairement aux promesses du gouvernement.

Au total, il y a en France 100 000 places en hébergement d'urgence, la plupart étant des hôtels où des familles s'entassent dans une seule chambre, sans possibilité de cuisiner. Or, selon l'Insee, 150 000 personnes vivent dans la rue ou dans des hébergements précaires tels les bidonvilles, et seules 8 000 places supplémentaires sont ouvertes en hiver. Réquisitionner des logements vacants pour héberger de façon pérenne les SDF qui, même lorsqu'ils ont un emploi, n'ont pas les moyens de payer un loyer dans le parc privé, construire des logements sociaux en nombre suffisant pour que personne ne soit plus à la rue, est une urgence vitale.