Toyota Onnaing, Valenciennes : Non au blocage des salaires !23/12/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/12/2421.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toyota Onnaing, Valenciennes : Non au blocage des salaires !

La direction de l'usine Toyota Motor Manufacturing France d'Onnaing (TMMF) avait annoncé qu'il n'y aurait pas d'augmentation générale des salaires cette année. Le mécontentement s'est développé, alors qu'il devient de plus en plus difficile de boucler ses fins de mois. Pour justifier cette provocation, la direction invoque des difficultés financières et la nécessité de recapitaliser l'usine sous peine de liquidation judiciaire... alors que le groupe mondial Toyota a réalisé 8,2 milliards de bénéfice net en six mois !

Depuis des années, Toyota Onnaing déclare un déficit de plusieurs dizaines de millions d'euros par an, avec un cumul de plus de 500 millions d'euros. C'est le résultat d'un arrangement financier tout à fait légal, pour ne pas payer d'impôt sur les bénéfices. TMMF vend les voitures fabriquées à Toyota Motor Europe (TME), filiale belge de Toyota, pour 10 000 euros en moyenne par véhicule. TME les revend ensuite aux concessionnaires Toyota qui, à leur tour, les vendent entre 16 000 et plus de 21 000 euros. Cela permet à Toyota de mettre artificiellement TMMF en déficit et de déclarer les bénéfices en Belgique, où les impôts sont réduits à presque rien pour les multinationales. La loi française oblige seulement une entreprise qui fait des déficits pendant plusieurs années à se recapitaliser afin d'éviter une liquidation judiciaire.

Beaucoup voient donc venir la direction avec ses gros sabots. Les salariés devraient accepter de faire des sacrifices pour que le groupe Toyota accepte de recapitaliser TMMF à hauteur de 200 ou 300 millions d'euros ! Ce chantage, s'il se met en place, ne sera qu'un vaste et cynique bluff. La réalité est que chacun des 350 000 salariés de Toyota dans le monde produit en moyenne plus de 4 000 euros de bénéfice net par mois ! À comparer à des salaires qui, en France, sont compris pour la grande majorité des salariés de TMMF entre 1 200 euros et 1 700 euros net par mois...

Quand la direction a annoncé qu'il n'y aurait qu'une prime individuelle annuelle comprise entre 0 et 237 euros brut, cela est resté en travers de la gorge des travailleurs de l'usine.

Mi-décembre, la CGT a appelé à des assemblées d'information pendant la pause de 20 minutes, dans chacune des trois équipes. Plus de 700 travailleurs y sont venus, sur un total de 3 100 embauchés en CDI et 900 intérims. Pour marquer le coup, à chaque fois, plusieurs dizaines ont continué par un débrayage de 1 h 30. Mercredi 17 décembre, en équipe du matin, 160 travailleurs sur les 350 réunis en assemblée ont voté le débrayage et manifesté dans l'usine.

La direction a joué l'intimidation, l'encadrement est passé voir chaque ouvrier pour dire qu'il ne fallait pas aller aux assemblées. Mais elle a aussi opéré un petit recul, passant de 0 % d'augmentation générale à 0,2 %, puis 0,3 %. Une misère : à peine 3,6 euros pour 1 200 euros et 5 euros pour 1 500 euros par mois.

Mais cela montre que la direction est consciente du mécontentement. Laisser imposer le gel des salaires, accepter une prime à la tête du client qui n'est rien d'autre qu'une prime de division, ce serait laisser la porte ouverte à d'autres reculs. Ceux qui ont débrayé, comme ceux qui sont seulement venus aux assemblées, sont fiers d'avoir marqué leur opposition à la direction et à ses miettes. Beaucoup pensent qu'en janvier il faudra aller plus loin.

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