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Leur société
Retraites : En retard pour manque de personnel
« Manquez-vous de moyens ? » : le directeur de la CNAV, l'organisme qui chapeaute les Carsat, a répondu avec aplomb à un journaliste qui l'interrogeait à propos de la région Nord-Picardie : « Ça n'est pas le problème. Sinon, toutes les caisses régionales auraient des difficultés ». Mensonge ! Dans l'ensemble des 17 Carsat, le service rendu aux assurés est en train de se dégrader fortement. Et pour cause : entre 2009 et 2017, 1 500 postes, sur un effectif initial de moins de 15 000 employés de l'Assurance-Vieillesse, auront été supprimés.
La Carsat de la région Aquitaine est classée parmi les onze Carsat qui ne seraient pas en difficulté. Pourtant, depuis des mois, malgré le recours régulier le samedi à des heures supplémentaires, un stock permanent de centaines de dossiers de retraite déjà traités est en attente d'être soumis au contrôle, la dernière étape avant la mise en paiement.
Comme dans tout le pays, pour récupérer du temps avec un effectif réduit, la direction de la Carsat Aquitaine a entrepris de restreindre les services d'accueil censés aider les assurés à préparer leur dossier. Les heures de réception ont été diminuées. On ne reçoit que sur rendez-vous. Jusqu'aux chaises qui ont été supprimées pour décourager de patienter dans les salles d'attente !
Moins il y a d'accueil physique, plus on incite les assurés à se tourner vers le courrier, le téléphone ou Internet. Le problème, c'est que pour pouvoir répondre autre chose que la formule passe-partout « votre dossier est en cours, nous mettons tout en oeuvre... », il faut du temps et donc du monde. C'est une hypocrisie de faire retomber la responsabilité de la situation sur les futurs retraités qui négligeraient de penser à préparer leur dossier à temps.
De plus en plus souvent, des assurés désemparés manifestent leur mécontentement. En guise de réponse, la direction de la Carsat Aquitaine a demandé aux employés de lui fournir les noms et numéros de téléphone des assurés ayant exprimé leur colère, afin de leur expliquer les règles de « bonne conduite ». On mesure le mépris.
Mayeur, le directeur de la Caisse nationale d'Assurance Vieillesse (CNAV), assure qu'il ne s'agit que d'un mauvais moment à passer et que début 2015 la situation sera rétablie. Ce n'est que paroles ! En 2013 l'amélioration devait être pour 2014. Les délais de traitement des dossiers dépassaient déjà les quatre mois habituels dans plusieurs régions. En fait, les retards de paiement ont été encore plus importants.
Ce scandaleux retard du paiement des pensions n'est pas dû à une incompétence ou à une imprévoyance des directeurs de caisse. C'est la conséquence de leur zèle à faire, à tous les niveaux, les économies que le gouvernement, la Cour des comptes, et derrière eux le patronat, leur demandent. Le résultat est là et sans une réaction forte des employés, des assurés, des travailleurs en général, cette régression n'est pas près de s'arrêter.