Calais : Manifestation contre le « mur de la honte »23/12/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/12/2421.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Calais : Manifestation contre le « mur de la honte »

Jeudi 18 décembre, « journée internationale des migrants », Emmaüs et l'Organisation pour une citoyenneté universelle ont appelé à manifester à Calais. Il s'agissait d'interpeller les pouvoirs publics sur l'accueil indigne des migrants qui tentent de passer en Angleterre et se retrouvent bloqués et traqués dans la ville.

Un millier de personnes ont défilé, associatifs aidant les migrants, migrants, chômeurs et sans-abri, habitants et militants politiques de Calais. Les bénévoles d'Emmaüs, venus de diverses régions du pays, constituaient l'essentiel du cortège, scandant les slogans et arborant des pancartes : « Nous sommes tous des enfants d'immigrés », « Liberté de migrer », « La frontière tue », « Non au mur de la honte ». Ce mur dont les manifestants demandent le démantèlement est un nouveau mur de barbelés en cours d'érection, censé empêcher les migrants de s'introduire dans la zone portuaire. Il est financé par la Grande-Bretagne dans le cadre d'un accord franco-anglais.

Les prises de parole des associations organisatrices ont rappelé les conditions dramatiques de survie des exilés - centre de mineurs complets, structure de soins débordée, quasiment pas de points d'eau, de WC ni de douches depuis septembre - et elles ont mis en cause les mesures prévues par les autorités. Les nouvelles destructions de squats, la multiplication de caméras de surveillance, le renforcement de la police et l'ouverture d'un centre d'hébergement de jour pour 400 personnes seulement, alors que les exilés sont près de 2 000 dans la ville, ne feront qu'aggraver leur sort.

Le président d'Emmaüs France a dénoncé le fait que les 15 millions d'euros que coûtera ce mur permettraient de construire des maisons d'accueil des migrants à taille humaine. Le Gisti (Groupe d'information et de soutien des immigrés) a mis en accusation « un monde où les marchandises et les capitaux peuvent circuler librement, mais pas les hommes ». Parmi les personnalités présentes, l'humoriste Guy Bedos a pointé du doigt « la politique d'un gouvernement qui ose encore se dire socialiste » et a affirmé : « Nous sommes ici pour déclarer illégal le fait de considérer des êtres humains illégaux. »

Cette manifestation affirmait haut et clair qu'il est ignoble d'opposer la misère des pauvres en France à la misère des réfugiés, comme tentent de le faire l'extrême droite, du Front national au groupuscule néo-nazi Sauvons Calais qui ont récemment paradé dans Calais.

Mais les préjugés qui stigmatisent les migrants sont également entretenus par la maire et sénatrice UMP Natacha Bouchard. Tout en affirmant vouloir accueillir dignement les migrants, elle a finalement obtenu du Sénat, le 14 décembre dernier, l'adoption de son projet de loi facilitant l'expulsion des squatters. Et cela au moment où la justice a tranché sur le sort du squat Vandamme de Calais, une usine désaffectée qui abrite plus de 300 réfugiés : la trêve hivernale relative aux expulsions de logements ne leur sera pas appliquée.

Quant au gouvernement socialiste, ses discours sur la fraternité envers les immigrés masquent mal sa politique de répression à leur égard, et la multiplication de lois à leur encontre montre bien toute son hypocrisie.

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