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Dans le monde
Russie, Ukraine : Autour de la livraison du Mistral
La France doit-elle livrer le porte-hélicoptère Mistral à la Russie ? Bien sûr que oui, répondent les milieux patronaux. « Toute commande doit être honorée », « il en va de la crédibilité des entreprises françaises »... et de leurs futurs contrats avec la Russie. Avec eux, les choses sont simples. Les seules morale et diplomatie qui comptent, c'est le Business.
Pour Hollande, la question est autrement embarrassante. Ce n'est pas qu'il soit plus épris de paix et de principes moraux que les marchands d'armes. Si c'était le cas, la France ne serait pas le premier fournisseur d'armes de l'Arabie saoudite ou des Émirats arabes unis ni le 4e exportateur mondial.
Le problème, c'est que cette livraison, prévue courant du mois de novembre, tombe en plein bras de fer avec la Russie, accusée d'être fauteur de guerre en Ukraine. Comment justifier la livraison d'un engin de guerre à la Russie quand la France et l'Europe, derrière les États-Unis, ont décidé d'un blocus économique pour l'affaiblir ?
Pris en tenaille entre les intérêts commerciaux de la France et l'opposition qu'il manifeste, pour l'heure, vis-à-vis de la Russie, Hollande a décidé... de ne pas trancher et de suspendre la livraison, dans l'espoir que les tensions politiques se tassent. De fait, le Mistral est devenu un nouvel enjeu de la rivalité entre les puissances occidentales et la Russie. Depuis une semaine, Poutine et Hollande jouent une espère de poker menteur autour du Mistral dont personne ne peut savoir comment il se terminera.
Dans cet affrontement, les travailleurs, à commencer par ceux de Saint-Nazaire qui ont construit le premier Mistral et sont en train d'en construire un second, n'ont à prendre partie ni pour les uns, ni pour les autres. Ce n'est pas non plus à eux de répondre à la question de savoir s'il faut ou non livrer le Mistral. Et faire croire que les travailleurs auraient à soutenir la livraison à la Russie au nom de l'emploi relève de la manipulation.
Les ouvriers des chantiers n'ont demandé ni de construire des navires de guerre, ni de les vendre à la Russie. À choisir, nombre d'entre eux auraient sans doute préféré travailler à la construction de navires plus utiles à la société. Le patronat et le gouvernement se sont mis dans une situation impossible, c'est à eux d'en assumer les tenants et les aboutissants.